Antonino Mercuri, ostéopathe guérisseur du « tout -Paris » est poursuivi pour escroquerie, abus de faiblesse, blanchiment et exercice illégal de la médecine. Quatre anciens clients se sont constitués parties civiles. C’est l’Office central pour la répression des violences aux personnes (OCRVP) qui est chargée de l’enquête. Le compagnon d’Antonino Mercuri est également mis en examen pour blanchiment.
L’affaire démarre en 2016. Une personne avait alerté la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) signalant que son compagnon était sous l’emprise du guérisseur et qu’il avait dû s’endetter pour honorer les consultations.
Antonino Mercuri revendique un « don qui soigne » qu’il aurait depuis l’âge de 12 ans. Né dans une famille modeste qui ne lui aurait pas permis de poursuivre ses études, il aurait décidé de se consacrer aux pratiques non conventionnelles à visée thérapeutique utilisant parallèlement ce don qui l’avait « marginalisé alors qu’il désirait s’intégrer socialement ». « Je ne suis pas un dieu, c’est clair dans ma tête. Je suis un soignant qui a un don », précise-t-il.
Après s’être formé à l’ostéopathie, il proposera d’autres « pratiques thérapeutiques naturelles » et la méditation. Au fil des ans, Antonino Mercuri gagne une renommée nationale parvenant même à « mystifier » l’Ecole nationale de la magistrature en prenant en charge un programme de méditation organisé en son sein.
Bien qu’il ait déclaré « ne pas hésiter à pratiquer la gratuité », ses activités sont lucratives. Les enquêteurs ont été surpris par son patrimoine immobilier et mobilier et par les sommes en liquide retrouvées dans des coffres-forts. Ses prestations ont longtemps été facturées entre 120 et 140 euros mais pour son « don », elles peuvent atteindre 400 euros de l’heure.
Mis en examen en juin 2018, il récuse les accusations et compte sur les déclarations de ses clients parfois célèbres pour attester de son efficacité. L’enquête dira « ce que pèsent ces attestations face aux éléments à charge réunis par les enquêteurs et la juge ».
(Source : Le Parisien, 29.12.2019)