Une enquête d’ABC News révèle que trois membres de la faculté de médecine de la célèbre Université du Queensland (UQ) ont fait la promotion de la très controversée Médecine universelle dans des publications de chercheurs. Créée par Serge Benhayon, cette méthode propose des soins et des massages « ésotériques » des seins et des ovaires.
Serge Benhayon, ancien entraîneur de tennis sans qualification médicale, prétend être la réincarnation de Leonard de Vinci. Son collège de Médecine universelle (MU) pèserait plusieurs millions de dollars et compterait 700 membres, principalement des femmes, répartis dans 15 pays. Ses adeptes doivent suivre un mode de vie très stricte régissant l’alimentation, le sommeil ou encore les rapports sexuels, mode de vie prôné par la religion fondée par Serge Benhayon.
Pour le professeur de médecine John Dwyer, de l’Université de New South Wales, la Médecine universelle de Benhayon est dangereuse et sectaire : « se mettre entre les mains de ce groupe sectaire, c’est vraiment prendre des risques pour sa santé ». Cet éminent universitaire déplore le nombre de personnes attirées par cette pratique et constate amèrement que les professionnels de santé ne sont pas épargnés bien qu’ils aient fait le serment de pratiquer une médecine fondée sur des preuves. « Ces personnes peuvent donner une crédibilité imméritée aux absurdités de la médecine universelle », dit-il.
L’enquête d’ABC News révèle une vidéo dans laquelle quatre chercheurs de UQ prônent publiquement les pratiques de la MU. Deux sont médecins, les deux autres naturopathe et psychologue. Les quatre travaillent pour Benhayon. Ils ont lancé un appel au don pour financer les procès intentés contre la MU en Australie et au Royaume-Uni. Ils prévoient également de mener des essais dans deux hôpitaux du Vietnam.
Au Royaume-Uni, BioMed Central (éditeur scientifique) examine également un article dont certains auteurs-chercheurs confirment être « des initiés participant à des événements de médecine universelle » mais assurent n’avoir reçu « aucune rétribution de la part de la médecine universelle ou de ses filiales ».
La Revue canadienne de recherche médicale sur Internet (JMIR) est prête à retirer les articles en relation avec l’UM. Le directeur de la rédaction a déclaré au bureau de l’éthique de l’Université du Queensland qu’il y avait indubitablement un conflit d’intérêts qui aurait dû être dénoncé par l’Université. Le JMIR souhaiterait pouvoir contester les déclarations des chercheurs, avec le soutien de l’université. Le professeur Mark Blows, vice-recteur chargé de la recherche de l’UQ, a confirmé que l’université enquêtait sur des « conflits d’intérêts non déclarés par certains chercheurs ».
(Source : ABC News, 16.04.2018)