Les dérives sectaires à l’honneur dans le bulletin de l’Ordre des Médecins 

Dans son dernier numéro, Médecins, le périodique du CNOM (Conseil National de l’Ordre des Médecins) consacre un dossier aux dérives en santé.

L’article se focalise sur trois thèmes : la façon dont la santé représente un terreau fertile aux dérives, les risques associés aux PSNC problématiques, et les leviers de lutte contre ces dérives. Trois experts sont interrogés sur chacune de ces thématiques : Catherine Katz, présidente de l’Unadfi, Claire Siret, présidente de la section « Santé publique » du CNOM, et Donatien Le Vaillant, Chef de la Miviludes.

Dans un premier temps, Catherine Katz explique que 55% des signalements de l’Unadfi en 2022 concernent le domaine de la santé. Selon Claire Siret, les gourous profitent du désespoir des patients, en particulier dans les situations d’échec thérapeutique. La dégradation du système de santé favorise également le recours aux PSNC : devant la multiplication des déserts médicaux, les patients ne savent plus qui consulter. Un contexte favorable aux pratiques alternatives, en particulier quand les praticiens de PSNC proposent des prises en charge sans délai, et sont susceptibles d’accorder plus de temps aux patients. Claire Siret pointe enfin l’existence d’une confusion entre médecine et PSNC, ces dernières n’étant ni reconnues, ni encadrées. Par ailleurs, Donatien Le Vaillant rappelle que le caractère sectaire d’une dérive est lié à la mobilisation de techniques d’emprise mentale. Il souligne l’impact de l’isolement en lien avec la pandémie de Covid-19, qui a stimulé la demande de soins alternatifs et la médiatisation de discours complotistes alimentant une certaine défiance à l’égard des sciences et de la médecine.

Les trois experts listent ensuite les nombreux risques associés aux dérives en santé, tels que le retard diagnostic ou la rupture de soins conventionnels. Cette dernière participe à la perte de chance des patients, notamment pour des pathologies comme le cancer. Donatien Le Vaillant pointe également le risque de syndrome psychotraumatique associé aux dérives sectaires. Catherine Katz souligne les risques existants en termes de santé publique, en mentionnant notamment les conséquences du mouvement antivax.

Concernant les leviers de lutte, les intervenants se félicitent de la création d’un délit de provocation à l’abandon des soins. Claire Siret propose, entre autres, la protection de l’utilisation du terme « médecin » : elle estime que ce terme devrait être réservé aux seules professions médicales. Donatien Le Vaillant pointe l’importance de la prévention du grand public, et souligne le rôle majeur des médecins dans la lutte contre les dérives en santé : ils se doivent de « maintenir le lien avec le patient […] sans stigmatiser ses croyances ». Catherine Katz souligne la nécessité d’un meilleur encadrement de ces pratiques, afin de clarifier la confusion entretenue autour des PSNC.  

(Source : Médecins, 05.06.2024)

  • Auteur : Unadfi