Des PSNC douteuses toujours référencées sur Doctolib

Malgré de nombreuses alertes ces derniers mois, des praticiens problématiques sont toujours répertoriés sur la plateforme de prise de rendez-vous médicaux.

Reiki, access bar, médecine quantique, naturopathie… Malgré la suppression de 7.500 comptes il y a deux ans, la prise de rendez-vous pour des PSNC propices aux dérives est toujours possible sur Doctolib. Certains praticiens s’immiscent également dans le champ de compétence des professionnels de santé : des ostéopathes prétendent ainsi soigner bégaiement et strabisme, des troubles relevant de l’expertise des orthophonistes.

La plateforme affirme toutefois avoir consulté plusieurs instances pour orienter son référencement, comme le ministère de la Santé et les collectifs NoFakeMed et l’Extracteur, mais que la responsabilité du tri des praticiens ne peut lui incomber : « La conclusion des consultations lancées il y a deux ans était que Doctolib ne peut pas faire le tri tout seul parmi les centaines de pratiques existantes, ne doit pas choisir laquelle est acceptable ou non et doit prendre le cadre juridique comme référence ».

Doctolib déclare aujourd’hui référencer les professionnels de santé tels que définis par le code de Santé Publique : ils doivent être enregistrés auprès de leur ARS, détenir un numéro au RPPS (Répertoire Partagé des Professionnels intervenant dans le système de Santé) et un diplôme validé par l’Etat.

Certains soignants regrettent toutefois le manque d’initiative de la plateforme dans l’éviction des praticiens douteux : « Il y a plus d’un an, nous avions mené un travail qui a conduit à l’éviction des praticiens problématiques », explique le Dr. Pierre de Bremond d’Ars, président du collectif NoFakeMed. « Aujourd’hui, nous comprenons qu’il est parfois difficile pour eux de tout modérer, mais nous constatons aussi un manque de volonté et d’engagement. Or ils sont tout de même responsables de qui ils accueillent sur leur site ». Le Dr. de Brémond d’Ars pointe également les difficultés à signaler des profils sur Doctolib : « La meilleure façon de faire bouger les choses reste encore de le faire bruyamment sur X », regrette-t-il.

Plusieurs pistes pourraient améliorer le tri des praticiens, comme la création d’un comité scientifique indépendant au sein de Doctolib, ou la limitation du référencement sur la plateforme aux professions dotées d’un Ordre.

Les critiques émises à l’encontre de Doctolib font écho à un récent scandale essuyé par la plateforme qui a invité une assistante dentaire naturopathe dans ses équipes de création de contenus sur les réseaux sociaux. Cette praticienne faisant, entre autres, la promotion du décodage biologique dentaire, une pratique ésotérique visant à « lire l’avenir dans les dents ». 

(Sources : L’Express, 09.06.24 & 18.06.2024)

  • Auteur : Unadfi