Le secret du miracle

Pour faire des miracles, il suffit de réunir un très grand nombre de personnes. C’est la conclusion que tire Gérald Bronner, professeur de sociologie à l’Université Paris-Diderot, qui nous explique que les statistiques sont contre les miracles.


Les miracles les plus connus sont naturellement ceux de Lourdes mais le sociologue rappelle que des cas de rémissions spontanées existent aussi en milieu hospitalier. Les médecins connaissent, eux aussi, « le bonheur de voir certains de leurs patients, manifestement condamnés, guérir » sans aucune explication apparente. Ces cas donnent lieu à des publications annuelles. Deux américains, Brendan O’Regan et Caryle Hirshberg ont analysé ces publications. Entre 1864 et 1992, 1 574 cas de guérisons spontanées on été recensées. 70 % concernent des personnes atteintes d’un cancer. 30% pourraient être considérés comme miraculeux par la commission de Lourdes.

A Lourdes, depuis les années 1960, il y a quatre fois moins de guérisons miraculeuses reconnues par an. La rigueur accrue de la commission scientifique en est de toute évidence la raison. Lourdes enregistre environ 0,2% de guérison par an depuis les années 1960, pour une moyenne de six millions de visiteurs ; ce qui fait une guérison pour 30 millions de personnes.

Dans l’état actuel des connaissances, la médecine n’est pas en mesure d’expliquer les guérisons miraculeuses, qu’elles aient lieu à l’hôpital ou à Lourdes. Autrement dit, en augmentant le nombre de personnes rencontrées dans sa vie, on augmente sa chance d’être le témoin voire l’auteur d’une guérison miracle.

Source : Pour la Science, mai 2014