QAnon ravive les théories conspirationnistes sur le complot pédo-sataniste

L’enlèvement de Mia sur fond de complotisme a mis en exergue une frange de complotistes hantés par l’obsession d’un complot pédo-sataniste dont le but serait d’alimenter des élites criminelles en enfants. Existant depuis longtemps, cette théorie est nourrie par « une frange de l’extrême droite, certains « gilets jaunes » et désormais par QAnon

Profitant du désarroi de certains parents qui ne comprennent pas les raisons du placement de leur enfant, cette mouvance a ses « héros » du combat contre les placements abusifs à leurs yeux.

Le dernier ayant fait parler de lui n’est autre que Rémy Daillet Wiedemann, instigateur de l’enlèvement de Mia Montemaggi retirée à sa mère Lola. Cette dernière accuse l’Aide sociale à l’enfance (ASE) d’avoir ourdi un complot pour lui retirer son enfant. En 2020 déjà elle propageait des rumeurs selon lesquelles l’ASE soustrairait depuis longtemps des enfants à leurs parents pour alimenter des réseaux pédocriminels satanistes1.

Elle n’est pas la seule à adhérer à ces idées, plusieurs collectifs font « un amalgame entre des faits de pédocriminalité avérés (comme l’affaire Epstein) et un discours complotiste qui imagine un « système pédocriminel mondial ». Parmi eux on trouve Rendez-nous nos enfants, un collectif créé par Hélène Lombard, une femme dont le fils a été placé en 2009. Cette dernière relaie sur son site un discours inquiétant mêlant antisémitisme, racisme, et qualifiant son fils de « plus jeune prisonnier politique de France ». Elle estime avoir été punie pour avoir dénoncé les « crimes de cette dictature juive, arabe et maçonnique ».  En 1999 elle avait déjà dénoncé le « génocide des Français par le biais des vaccinations » auprès de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH).

Autre figure de ce mouvement, Christian Maillaud, dit « Stan », considéré comme le « Zorro Blanc » par ses fans, « traque les réseaux pédophiles satanistes ». Arrêté et emprisonné jusqu’à récemment pour tentative d’enlèvement d’enfants, il bénéficie du soutien du polémiste d’extrême droite Alain Soral.

À ces figures historiques du complotisme français s’ajoute le mouvement QAnon qui rassemble toutes sortes de théories du complot, dont celle sur un « État profond » qui organiserait un trafic mondial d’enfants et chercherait à établir un « nouvel ordre mondial ».

Ce complotisme prospère sur le désarroi de parents qui ne comprennent pas les raisons du placement de leur enfant. Michèle Créoff, ancienne vice-présidente du Conseil national de protection de l’enfance (CNPE) et ancienne inspectrice de l’ASE, explique que les décisions de placement sont souvent mal expliquées aux parents. Et certaines défaillances réelles de l’ASE, comme celles pointées par l’émission Pièces à conviction, n’arrangent rien.

Mais les placements abusifs sont bien en deçà des chiffres avancés par les complotistes. Au contraire, déplore Michèle Créoff la tendance est à laisser les enfants auprès de leurs parents biologiques. Elle réfute l’argument selon lequel chaque enfant placé rapporterait de l’argent à l’État en expliquant que « L’État donne une dotation globale en fonction de la population, pas en fonction du nombre d’enfants placés ».  

(Sources : Charlie Hebdo, 07.05.2021)

1-Lire sur le site de l’Unadfi : Le complotisme derrière un enlèvement d’enfant : https://www.unadfi.org/domaines-dinfiltration/internet-et-theories-du-complot/le-complotisme-derriere-un-enlevement-d-enfant/

  • Auteur : Unadfi