Le nombre de plaintes ne cesse de grandir

L’affaire de Bétharram refait surface après une enquête de Mediapart. Alors que plus d’une centaine de plaintes ont été déposées pour des faits de violences et agressions sexuelles commis entre 1960 et 2010, à l’Assemblée nationale, des députés de l’opposition ont directement interpellé François Bayrou, lui reprochant son silence.

En 1996, un père de famille avait porté plainte après que son fils de 14 ans avait perdu 40 % de son audition à la suite d’une gifle violente d’un surveillant général. L’homme assure avoir discuté de l’affaire avec le suppléant de François Bayrou à l’Assemblée. Autre élément qui interroge : une ancienne professeure de mathématiques affirme avoir personnellement alerté François Bayrou sur la gravité de la situation, lors d’un échange en face-à-face. Avec l’infirmière de l’école, elle aurait même envoyé plusieurs courriers restés sans réponse.


Création d’une commission d’enquête parlementaire


Regroupées en collectif, les victimes dénoncent une « omerta » persistante. Le Premier ministre s’est expliqué auprès des représentants des victimes qu’il a rencontrés le 15 février à Pau et il leur a promis des moyens supplémentaires. Le porte-parole des victimes, Alain Esquerre, a salué « un jour historique ». L’avocat Jean-François Blanco (qui défendait en 1996 le premier élève à porter plainte) a pour sa part demandé l’ouverture d’une enquête pour « entrave à la justice » et « recel de crime ».
Le ministère de l’Education, de son côté, a demandé au rectorat de Bordeaux d’inspecter Bétharram afin de « disposer d’éléments sur le fonctionnement actuel de cet établissement ». Et une commission d’enquête parlementaire sur le contrôle par l’État des violences dans les établissements scolaires a officiellement été créée ce 21 février.


Trois hommes interpellés, un ancien surveillant mis en examen


En attendant, de nouvelles plaintes contre l’établissement affluent. Au 18 février, elles étaient passées de 102 à 132. Et l’enquête pénale semble s’accélérer après un an d’investigations. Trois hommes ont été interpellés et placés en garde à vue. Il s’agit d’un prêtre de 94 ans et deux surveillants, laïcs âgés de 60 et 70 ans. A l’issue de leur interrogatoire, l’un des surveillants a été mis en examen pour viols (entre 1991 et 1994) par personne ayant autorité et agressions sexuelles sur mineurs (entre 2002 et 2004). Le prêtre et le deuxième surveillant, tout comme huit autres mis en cause, ont bénéficié de la prescription.


(Sources : Le Monde & Le Parisien & France Info, 13.02.2025 ; Le Télégramme, 16 / 17 /19 / 22.02.2025 ; Quotidien, 18.02.2025 ; Le Figaro & Ouest-France, 20.02.2025 ; Sud-Ouest & La Dépêche, 22.02.2025)


A lire aussi sur le site de l’Unadfi : 102 plaintes déposées contre Notre-Dame de Bétharram : https://www.unadfi.org/actualites/groupes-et-mouvances/102-plaintes-deposees-contre-notre-dame-de-betharram/

  • Auteur : Unadfi