Ancienne assistante numéraire, Anne Marie Allen, 62 ans, publie son témoignage dans Servir : Mes années perdues au cœur de l’Opus Dei irlandais. Elle invite d’autres victimes à sortir du silence et souhaite qu’une enquête indépendante soit ouverte en Irlande.
Recrutée à quinze ans dans le rang le plus bas de l’organisation catholique conservatrice, elle raconte avoir été soumise, avec d’autres jeunes filles, à une vie de servitude domestique, sous couvert de « formation professionnelle » qui ne se matérialisera jamais. Anne Marie Allen décrit un quotidien rythmé par le ménage, la cuisine et la prière. Sans rémunération. Et sous étroite surveillance. Elle avait interdiction de communiquer avec l’extérieur et d’entretenir des contacts familiaux. Elle raconte des pratiques d’auto-mortification, des coups de fouet et le port du cilice. « J’étais un pion parmi d’autres », résume-t-elle soulignant que « l’Opus Dei exploitait des mineures, parfois à l’insu de leurs parents, pour disposer de main-d’œuvre gratuite ».
Ces accusations font écho à d’autres plaintes venues d’Espagne, d’Argentine et du Pérou. En Argentine, une enquête criminelle vise 43 anciens membres affirmant avoir été victimes de traite et d’exploitation. Une enquête du Financial Times, en 2024, a confirmé des témoignages similaires.
Fondé en 1928 en Espagne par José María Escrivá, l’Opus Dei revendique 90 000 membres dans 70 pays. Officiellement, il cherche à « sanctifier la vie quotidienne ». Mais ses détracteurs dénoncent ses méthodes de recrutement, son lobbying politique et son influence auprès des élites.
Anne Marie Allen affirme que ses demandes d’aide à l’Église irlandaise dans les années 1980 sont restées lettre morte. L’Opus Dei, devenu prélature personnelle en 1982 sous Jean-Paul II, rejette toute accusation d’abus et assure que ses membres sont rémunérés et bénéficient de soins adaptés.
Après avoir quitté l’organisation en 1985, Anne Marie Allen a connu des années de chaos personnel avant de faire carrière dans l’administration pénitentiaire. Aujourd’hui, elle souhaite qu’une enquête indépendante soit ouverte en Irlande et appelle expressément le pape à intervenir. Pour elle, « il est temps d’ouvrir les yeux, l’Opus Dei est une secte » .
ALLEN Anne Marie, Servir : mes années perdues au cœur de l’Opus Dei irlandais, juin 2025 288 pages, Éditions Gill Books. [Livre en langue anglaise]
(Source : Radio France, 13.10.2025)
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