Mélange des genres, confusion des repères, risques de dérives : des psychiatres et psychologues dénoncent le brouillage des frontières entre savoir scientifique et croyances dans les rayons des librairies. Dans une lettre ouverte, ils interpellent les libraires sur leur responsabilité dans l’accès à une information fiable sur la santé mentale.
« Les livres de vulgarisation scientifique se retrouvent à côté de traités de naturopathie ou d’ouvrages ésotériques », s’inquiète le psychiatre Hugo Baup. Son propre guide pratique est parfois placé à côté de publications de Lise Bourbeau, autrice controversée pour ses théories pseudoscientifiques sur le « décodage métaphysique » du corps. Pour lui, ce « mélange des genres » nuit à la lisibilité de l’offre et brouille le message scientifique.
Avec Gladys Mondière, psychologue et présidente de la FFPP, et le chercheur Mickaël Worms-Ehrminger, Hugo Baup cosigne une lettre ouverte au Syndicat de la Librairie française (SLF), appelant les libraires à jouer un rôle actif dans la « grande cause nationale » de la santé mentale. En jeu : la crédibilité de la psychologie et la prévention de dérives potentielles.
Les professionnels regrettent la mise en avant d’ouvrages aux promesses simplistes ou aux bases floues, souvent plus faciles à lire que les titres fondés sur des données validées. Le succès massif des Quatre Accords toltèques de Miguel Ruiz, ou des livres de Lise Bourbeau, surclasse les ventes d’ouvrages de psychiatres reconnus comme Boris Cyrulnik ou Christophe André.
Face à ces critiques, le SLF reconnaît l’importance de ne pas juxtaposer des ouvrages sans fondement scientifique à des références sérieuses, tout en pointant le rôle des éditeurs, qui définissent les catégories. Les libraires, eux, doivent choisir leur mise en rayon avec discernement. « Nous sommes commerçants, pas soignants », rappelle Alexandra Charroin Spangenberg, présidente du SLF, admettant vendre certains best-sellers ésotériques pour répondre à la demande.
(Sources : Sud-Ouest & AFP, 24.06.2025)
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