Visite à la Mère divine

Amma / Maison Amrita

Après un passage par l’Allemagne, la Suisse, l’Angleterre et les Pays-Bas, et avant de se rendre en Espagne, en Italie et en Irlande, Mata Amritanandamayi, appelée plus communément Amma (mère en hindi), est venue à deux reprises en France, à l’automne 2012.


Originaire d’Inde, Amma, appelée « la mère divine » est « fondatrice » d’une ONG humanitaire dont le siège se trouve au Kérala (Inde).

Le 1er novembre 2012, le journaliste de Golias s’était rendu au Zénith Omega de Toulon dans le but de rencontrer cette célèbre « mère divine » qui prodigue à la chaîne à des milliers de personnes son étreinte, le « darshan ». Le rituel en est forcément bien rodé. 750 bénévoles ne se sont-ils pas déplacés à leurs frais pour offrir gratuitement leurs services ? Parmi eux, un « noyau dur » de 250 participe à l’intégralité de la tournée européenne d’Amma, explique au journaliste l’attachée de presse chargée de superviser l’équipe des communicants pour l’Europe.

L’étreinte d’Amma, ou darshan, est offerte gratuitement . Ce qui n’empêche nullement que de nombreux stands proposent à la vente « un nombre pléthorique » de produits dérivés : dvd de prière, poudre de santal bénie, huiles essentielles, compléments alimentaires, statuettes, vêtements…, sans compter des centaines de photographies représentant « la mère divine » ou bien encore la « poupée Amma » vendue 90 euros et qui joue un rôle de substitut : si vous êtes loin de « la mère divine » et que vous souhaitez un darshan, vous câlinez la poupée… Toutes les marchandises en vente lors des tournées en Occident sont fabriquées en Inde dans des villes « construites » par Amma où se trouvent non seulement des logements et des écoles, mais surtout des manufactures qui fabriquent précisément tous les objets.

Selon Golias, les logiques « de la mondialisation financière ultra-libérale trouvent là leur quintessence ».

Mais qu’on se rassure : tout l’argent récolté est utilisé à « des fins caritatives » par l’ONG fondée par Amma, « Embracing the World »(ETW), affirme l’attachée de presse, appuyée en cela par le président de la section française, Michel Tailhardat, qui précise qu’il n’existe pas « de frais de fonctionnement superflus, tout l’argent va directement aux œuvres caritatives, puisque tout le monde est bénévole ». Reste que la capacité de l’ONG ETW à communiquer sur ses « œuvres de bienfaisance » s’avère très impressionnante et des écrans de télévision montrent en boucle toutes les réalisations. Il est rappelé qu’Amma a reçu de « prestigieux prix internationaux ».

Par ailleurs, n’est-elle pas reconnue par des institutions internationales, des Prix Nobel de la Paix, des ministres et des vedettes ?… Jan Kounen lui a même consacré un film « Darshan » co-produit par Arte France et projeté au festival de Cannes en 2005. Par contre, lorsque le journaliste interroge le service de presse pour tenter d’évoquer avec lui « les lignes budgétaires » suivies par l’organisation et notamment le montant des sommes affectées aux œuvres caritatives, « un sourire de non-recevoir lui est adressé ».

Dans la biographie d’Amma offerte par le service de presse, figure le récit de « miracles » réalisés par « la Mère divine ». L’un d’eux concerne la transformation d’une eau en lait puis… en pudding ! Dans un autre ouvrage « plus confidentiel » [Il s’agit de la biographie d’Amma : « La Mère de la Béatitude Immortelle ». Des extraits sont à lire sur le [site Prevensectes.]], Amma lèche les plaies d’un lépreux et le guérit miraculeusement…

En janvier 2012, le « vernis » de l’organisation d’Amma s’est fendillé avec les révélations de Gail Tredwell, première fidèle occidentale, demeurée 19 ans aux côtés de la « mère divine ». Dans un article publié en août 2012 dans le magagine Rolling Stone, le journaliste américain David Amsden a rencontré l’ancienne adepte qui vit maintenant à Hawaï. Cette dernière évoque, entre autres, la maltraitance, la cruauté, les luttes de pouvoir qui sévissent au sein de l’organisation et rappelle qu’elle a dû s’enfuir, il y a douze ans, dissimulée sous une couverture dans une voiture. Elle prépare actuellement un livre-témoignage.

Source : Golias Magazine, Jean-Baptiste Malet, novembre-décembre 2012