Une équipe de journalistes espagnols dévoile le côté sombre de Remar

Un reportage diffusé mi-novembre par la Sexta, une chaîne de télévision espagnole, a dévoilé les pratiques inquiétantes de Remar, une ONG d’inspiration chrétienne évangélique. Intitulée Parole du seigneur, cette enquête a été menée par les journalistes de l’émission Equipo-Iinvestigacion.

Créée en 1982 par Miguel Díez, l’ONG Remar (REhabilitation des MARginalisés), a pour objectif de venir en aide aux personnes en situation d’exclusion sociale en les réhabilitant par le travail. Présente dans plus de 70 pays, l’organisation s’est fait connaître en collectant et revendant des objets d’occasion dans des magasins. Aujourd’hui elle en compte 160 en Espagne et propose désormais aux défavorisés des emplois dans le transport, la maçonnerie et même dans une société de production télévisuelle.

Devenue un réseau d’affaires prospère, l’ONG possède plus d’une centaine de propriétés dans tout le pays (couvents, bâtiments industriels, hôtels, maisons). 

D’après Equipo-Iinvestigacion la prospérité de Remar résulte de plusieurs facteurs. Carlos Cruzado, porte-parole du syndicat des techniciens financiers, explique qu’« étant une ONG, elle bénéficie d’avantages fiscaux, cela malgré le fait que son volume d’affaires soit de près de huit millions d’euros. » A cela s’ajoute un faible nombre de salariés, 16, pour une équipe de 3000 volontaires qui n’auraient ni contrat, ni salaire. Un ancien toxicomane, entré dans le centre Remar de Mendiola (Vitoria, Pays Basque espagnol) pour surmonter ses addictions, raconte comment les toxicomanes payaient leur cure en collectant de la ferraille, en travaillant dans les champs ou dans la construction.

Mais Remar n’est pas la seule activité de Miguel Diez. A la tête de l’Église du Corps du Christ, qu’il a fondée en 1999, il contrôle 73 temples dans lesquels des centaines de fidèles se réunissent tous les dimanches. S’inspirant des prédicateurs américains, il organise des événements de masse pour attirer de nouveaux adeptes. Pour un ancien membre, « rencontrer Miguel, c’est comme rencontrer le président du gouvernement ». Interrogé dans le cadre du reportage, José Antonio Rodríguez, professeur de droit ecclésiastique, explique que Diez aurait les pleins pouvoirs, « tous les biens seraient administrés par lui, sans avoir à donner aucune explication pour pouvoir en disposer ».

L’homme prône des idées particulières en matière d’éducation. Selon un ancien membre, il dissuade les jeunes d’entreprendre des études « parce qu’ils n’ont pas besoin d’un diplôme, c’est quelque chose de vain ». Ses positions défavorables à l’homosexualité, qu’il considère comme un « trouble des conduites dû à un traumatisme », peuvent avoir des conséquences néfastes pour certains adeptes. L’un d’eux, qui a rejoint Remar avec sa mère à l’âge de deux ans, raconte avoir subi un exorcisme pour que « le diable de l’homosexualité s’en aille ». Coincé dans une salle de bain, il aurait été battu par dix personnes. Mais, selon le groupe, la seule à blâmer pour cette agression serait sa mère, coupable d’avoir causé son homosexualité en quittant son mari malgré les violences conjugales qu’elle subissait.

Lors de son enquête Equipo-Iinvestigacion qui souhaitait s’entretenir avec Miguel Diez, s’est rendu dans sa propriété située à la périphérie d’Alcalá de Henares (proche de Madrid). Lui et sa famille y occupent, avec des dizaines de membres de l’organisation, une ferme de 2000m2 valant 2 millions d’euros. Les seules réactions qu’ont obtenues les journalistes lors de leur visite furent des insultes d’enfants qui auraient dû être en classe…

Suite aux révélations, l’entreprise Mango, qui faisait don de vêtements à l’organisation depuis 15 ans, a décidé de suspendre sa collaboration avec Remar.

La Fédération des Entités religieuses évangéliques d’Espagne (FEREDE) qui soutient Remar, accuse Equipo-Iinvestigacion d’avoir réalisé un reportage diffamatoire dans une volonté manifeste de nuire à l’organisation.

(Sources : La Sexta & Diez Minutos,
13.11.2020)

 

  • Auteur : Unadfi