Tous les Témoins de Jéhovah de Belgique ont communié à l’unisson lors de leur congrès annuel, seule occasion d’échapper au fameux porte-à-porte. Tous rassemblés dans une immense salle, leur respect subjugue. Pas un papier par terre. Pas une personne ne bouge. Même les enfants restent assis…
Alors qu’ils aiment à vivre entre eux, à se réunir régulièrement, les Témoins de Jéhovah estiment qu’ils ne sont pas repliés sur eux-mêmes : « La preuve, nous allons vers les gens prêcher la bonne parole, c’est même une obligation pour tout Jéhovah car c’est dans la Bible », a déclaré l’un d’eux.
Prêcher la bonne parole, ou faire du prosélytisme, est effectivement une des marques de fabrique des Témoins de Jéhovah et la prédication joue un rôle capital dans leur vie. « Nous évangélisons pour convertir les gens à la seule vraie religion » explique l’un d’eux.
Chacun doit se plier de bon coeur au porte-àporte ; s’ils travaillent, ils doivent trouver du temps le week-end. Les plus zélés y consacrent 70 heures par mois, parfois davantage. Peu importe qu’on les laisse entrer ou non. Les Témoins de Jéhovah établissent des rapports de visite et une véritable cartographie des personnes rencontrées. Si l’une d’elle est sourde, un Témoin de Jéhovah malentendant est envoyé la foi suivante. Les Témoins de Jéhovah tendent à se faire passer pour des victimes incomprises par « ceux de l’extérieur » qui n’acceptent pas leurs différences. Mais pour Sandrine Mathen du CIAOSN (Centre d’information et d’avis sur les organisations sectaires nuisibles), cette attitude cache une vérité tout autre : « C’est dans leurs principes mêmes de s’isoler du monde ! Selon leur doctrine, le Témoin déplaît à Jéhovah s’il crée des relations à l’extérieur du mouvement. » Ils pensent d’ailleurs que les lois de Dieu supplantent celles des hommes et ils ont leurs propres comités judiciaires.
La Bible est leur unique référence. Elle leur apprend tout. Un couple explique que leur « relation reste harmonieuse » car il a un « cadre clair qui définit le rôle de chacun ». A contrario, transfusions de sang, homosexualité, euthanasie, avortement, alcool, cigarettes et jeux de hasards sont interdits car ce n’est pas dans la Bible. Cette approche fondamentaliste de la lecture des Ancien et Nouveau Testaments délivre les Témoins de Jéhovah du monde entier, de tout esprit critique.
Pour Sandrine Mathen, tout n’est pas aussi lisse qu’il n’y paraît : « Les nombreux Témoins de Jéhovah qui brisent ces principes montrent toute l’hypocrisie de cet intégrisme aveugle. Des adultères, divorces, jeux de hasard, usage de cigarettes ou d’alcool et excès en tout genre existent derrière la façade de ce qu’ils veulent bien montrer ». Les exclus du mouvement ou les membres qui le quittent font l’objet de mesures strictes de bannissement. Ils sont diabolisés aux yeux de leurs anciens « amis ». Un ex-adepte raconte qu’il a tout perdu et qu’il a eu besoin « de plusieurs années pour se reconstruire ».
(Source : Moustique, 09.09.2015)
