Que sait-on de ? Les légionnaires du Christ

Les Légionnaires du Christ

Qui sont les Légionnaires du Christ

Il faut se reporter au contexte historique du Mexique pour comprendre la naissance de cette congrégation. À partir de 1926 en effet, l’état mexicain, à l’instigation du Parti National Révolutionnaire, s’est livré à une guerre ouverte contre l’église : suppression des ordres religieux, expropriation des couvents, expulsion des prêtres étrangers, suppression de tout enseignement religieux, etc. En réaction, apparaît un mouvement de résistance armée qui doit finalement capituler.

Mais la résistance continue ; le fondateur de la Légion du Christ, Marcial Maciel Delgollado, est un protagoniste de cette crise. En 1941 – il a 20 ans – il fonde sa légion avec 13 adolescents. Ordonné prêtre en 1944, il ne cesse alors de développer sa congrégation de choc.

Soutenue par le Vatican depuis 1946 (sous PIE XII), la Légion gère 12 universités, la plupart en Amérique latine, où les légionnaires du Christ sont considérés comme le fer de lance de l’église catholique, faisant obstacle à la déferlante des sectes protestantes. La plus importante est celle de Francisco de Vitoria dans la banlieue de Madrid, une université prestigieuse ; celle de Rome, l’université Regina Apostolorum, comporte une faculté de bioéthique et se spécialise depuis 2005 dans la formation des prêtres exorcistes. Il faut dire qu’en Italie les groupes satanistes font la une des journaux à la suite de meurtres liés à la magie noire.

À côté de la formation des prêtres, soulignons l’importance de l’activité apostolique de la Légion du Christ au travers du mouvement Regnum Christi, branche laïque de la congrégation. 45.000 personnes vivraient aujourd’hui de cette spiritualité.

La branche française de ce mouvement de laïcs, Regnum Christi, est également présente à Paris. Les légionnaires se consacrent en outre dans la région parisienne, où ils sont installés depuis 1987, à l’animation de camps de jeunes.

Enfin la Légion a le contrôle de l’agence de presse Zénith qui est chargée de la communication du Vatican en six langues. Tournée vers les hommes d’affaires et les décideurs, la Légion a également la main sur la Fondation Guilé, « car notre principale activité c’est la formation et en premier lieu celle de l’élite », explique le Père Williams, porte-parole de l’Ordre (1).
 

Les Légionnaires du Christ face aux accusations.

Une série d’accusations infamantes forme une grosse tache sur la Légion : Le Père Marcial Maciel est accusé de pédophilie par plusieurs des anciens membres de son ordre. Bien entendu, celui-ci récuse ces accusations qui remonteraient aux années 50.

Les victimes expliquent le retard de leurs plaintes (les premières remontent à 1997) par la loi du silence qui règne chez les légionnaires. D’après La Croix du 31/12/2005, « ces plaintes ont été relancées fin décembre 2004 auprès du Vatican ». Toujours d’après La Croix, le Vatican soucieux de préserver l’image de la congrégation a fait pression pour que Marcial Maciel cède la place à la tête de la Légion. Le religieux mexicain, Alvaro Corcuera lui a succédé. Nous ne savons pas aujourd’hui si les procès canoniques ouverts au Mexique et à Rome sur les plaintes déposées par les anciens séminaristes connaîtront une suite. Mais nous savons que l’archevêque du Minnessota a interdit les activités des Légionnaires du Christ et de Regnum Christi dans son diocèse. D’autres évêques ont pris les mêmes mesures aux États-Unis, en particulier dans l’Ohio. Ils reprochent aux légionnaires de constituer une « église parallèle » et contestent fermement leurs méthodes.

Comment expliquer cette situation paradoxale où l’on voit les Légionnaires soutenus et même encouragés par le Vatican et en même temps interdits ou pour le moins peu souhaités dans certains diocèses ?

Tout ce tableau fait apparaître de bonnes raisons pour l’église de France d’être particulièrement vigilante et on ne peut que souhaiter que la petite école évoquée au début de cet article reste pour longtemps la seule aux mains des Légionnaires du Christ.

 

Dans les ADFI

Certaines ADFI ont reçu la visite de grand-parents soucieux du sort réservé à leur petit-fils Dans tous les cas, il s’agit d’enfants (le plus jeune est âgé de 11ans) que les parents envoient dans une école tenue par les Légionnaires du Christ à Méry sur Marne (Seine et Marne). Ces parents chrétiens, persuadés d’avoir découvert l’école idéale pour leur fils (il s’agit uniquement de garçons) veulent faire partager leur enthousiasme aux grands-parents. Ces derniers, informés du programme et de l’emploi du temps selon lequel doit vivre leur petit-fils sont loin de partager cet enthousiasme. Ils se demandent même s’il ne s’agit pas d’une secte ; d’où leur démarche auprès de l’ADFI. En effet, l’environnement de cette école leur semble plus proche de celui d’une caserne que d’une école : lever très matinal, messe quotidienne, confession hebdomadaire (la crainte du péché est permanente), une partie des vacances correspondant aux fêtes religieuses passée à l’école, etc. À 11ans un enfant voit déjà son avenir fixé, car la pression sera forte pour qu’il devienne prêtre légionnaire. En outre, de ces témoignages reçus ressort une constante : on entretient chez ces garçons un sentiment d’élitisme très poussé : on le persuade qu’il appartient à une catégorie d’élus investis d’une mission.

À leur tour les ADFI se renseignent. Cette école secondaire en internat, bien sûr hors contrat, appartient en effet aux Légionnaires du Christ, c’est la seule, semble-t-il, en France jusqu’à aujourd’hui. Elle compte peu d’élèves, à peine une quarantaine de la 6ème à la terminale. Le recrutement se ferait lors de rassemblements du type camps de vacances, mais le coût des études n’est pas à la portée d’une famille aux revenus modestes. En fait il s’agit d’un petit séminaire, alors qu’ils ont disparu en France.

Source : Bulles n°89, mars 2006