Présence de milices évangéliques armées

Au Brésil, des membres de bandes extrémistes chrétiennes évangéliques prennent le contrôle de quartiers démunis pour y établir leur trafic de stupéfiant et menacent ceux dont la foi ne correspond pas à la leur.

Au Brésil, la mouvance évangélique a récemment modifié la carte spirituelle du pays et pourrait bientôt dépasser le catholicisme. En effet, elle a conquis le pouvoir politique et attire des millions de personnes. La télévision est envahie par la téléévangélisation, l’industrie de la musique évangélique représenterait une manne financière d’environ 1 milliard de dollars. Les terrains de recrutement des gangs sont devenues des terrains de conversion.

Dans le quartier de Duque de Caxias près de Rio de Janeiro, le groupe « Soldiers of Jesus » a créé un barrage routier pour éloigner les forces de l’ordre et pouvoir établir une zone de trafic. Les membres du gang s’en prennent aux personnes d’autres religions que la leur et notamment les religions d’influence africaines comme le Candomblé. Ils reprochent aux religions d’origine africaine d’être liées au diable. Selon la Commission de lutte contre l’intolérance religieuse basée à Rio, plus de 200 temples de minorités religieuses dans l’Etat de Rio ont fermé leurs portes cette année face aux menaces.

Le maire de Rio, Marcello Crivella est évêque de l’Eglise universelle du Royaume de Dieu fondé par son oncle Edir Macedo, qui dans un livre a accusé les religions afro-brésiliennes de satanisme.

En aout 2019, la police avait annoncé l’arrestation de plusieurs membres de gangs qui avaient détruit ou forcé des temples à la fermeture. L’un d’entre eux, en plus de ses activités au sein d’un gang, travaillait comme pasteur évangélique.

Les favelas, bien souvent laissées par les forces de l’ordre aux mains de gangs, sont des lieux ou l’évangélisme prospère rapidement. Pour Christina Vital da Cunha, professeure agrégée de sociologie à la Federal Fluminense University, qui a étudié l’évangélisme dans les favelas de Rio, certains pasteurs misent stratégiquement sur la conversion des trafiquants dans des endroits privilégiés de la hiérarchie du crime pour se développer.

(Source : The Washington Post, 08.12.2019)

  • Auteur : Unadfi