Pérou / Le business florissant du tourisme spirituel

L’ascension du tourisme spirituel au Pérou fait la fortune de certains et le bonheur des autres. L’ayahuasca, enregistrée depuis 2005 au registre des stupéfiants, est au cœur de cet engouement. Des occidentaux sont prêts à parcourir des milliers de kilomètres pour la consommer afin de vivre l’« expérience ultime ».


Les sites Internet et les agences dédiés aux voyages ont saisi le filon. Ils proposent des séjours clés en main de « purification du corps et de l’âme ».

Si l’expérience est inoubliable pour les uns, elle fut insupportable pour d’autres. Selon des spécialistes indigènes, il faut 25 à 30 années de pratique pour maîtriser les effets de l’ayahuasca et être à-même de l’administrer dans de bonnes conditions. Mais ce qui est devenu un véritable commerce s’est fortement développé et sa croissante popularité amène de nombreuses dérives lors de cérémonies totalement éloignées des pratiques socioculturelles locales. L’ampleur de ce tourisme a permis à de nombreux charlatans de s’improviser chamans.

Cette nouvelle manne financière déstabilise l’économie locale : « elle incite les Indiens à se consacrer exclusivement à cette activité lucrative au détriment du développement d’une véritable économie ».

Sur son site Internet, l’ambassade de France informe les ressortissants sur les conséquences médicales graves de ce narco-tourisme. Elle cite également des exemples de centres qui posent problème : « Ainsi, le centre de Sachawawa à Tarapoto fait, en particulier, l’objet d’une enquête judiciaire à la suite du décès d’une française, en août 2011, dans des circonstances non encore élucidées ». La même année, Fabrice Champion est décédé près d’Iquitos.

« L’internationalisation de l’usage de l’ayahuasca et son appropriation par les sociétés occidentales devient une question hautement problématique ». La Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires l’a largement évoqué dans son rapport de 2009. Avec quelques associations, elle alerte sur le risque de dérives sectaires.

De son côté, le Pérou, jouissant de ce « nouvel attrait », a classé l’ayahuasca comme patrimoine culturel de la nation.

Source : le Journal International, 17.12.2013