Le parquet d’Aix en Provence a ouvert une instruction judiciaire et mis en examen un ancien éducateur de Château-de-Soleils, le centre français du groupe d’inspiration bouddhiste Ogyen Kunzang Chöling (OKC), situé dans les gorges du Verdon. L’enquête a débuté suite à huit plaintes déposées en 2018 par des mineures à l’époque des faits. Dès les années 1980 et durant des années, elles auraient été victimes d’attouchements et de viols par l’éducateur.

Une centaine d’enfants d’adeptes de Robert Spatz avaient été envoyés à Château-de-Soleils, loin de leurs parents pour respecter les directives du gourou. L’un de ces enfants, Ricardo Mendes, aujourd’hui porte-parole des victimes d’OKC, raconte : « On est trois générations de gamins nés là-dedans, on n’a pas choisi ce qui nous est arrivé. Aujourd’hui nos vies ont été reconstruites, mais il reste des séquelles à vie malgré une résilience prodigieuse ».

Là-bas, ils ont enduré des sévices physiques, psychologiques et sexuels. Ricardo Mendes explique qu’à Château-de-Soleils, il y avait deux formes de punition : la maltraitance physique et les abus psychologiques. Les enfants étaient battus, exploités, privés d’éducation, contraints à de nombreuses heures de prières. « C’étaient les petits garçons qui étaient battus le plus souvent, précise Ricardo, les petites filles étaient abusées ».

D’après lui on en est arrivé là par manque de méfiance et attrait pour l’orientalisme importé en France à la fin des années 60 par la vague new age. « Pourtant, il y a certaines pratiques dans le bouddhisme, notamment dans le Nyingmapa, qui théorisent une relation maître disciple particulièrement dangereuse. »

Les démêlés judiciaires d’OKC ne s’arrêtent pas à la France. En Belgique, son gourou Robert Spatz est poursuivi depuis 23 ans. En 2020, il a « été condamné à cinq ans de prison avec sursis pour des faits d’abus sexuels sur mineurs, prise d’otages, abus physiques sur des enfants mineurs, emprise et fraude financière ». Une peine bien trop légère pour les victimes. Le gourou a fait appel de cette décision depuis l’une de ses propriétés espagnoles de Marbella ou Malaga où il coule une retraite paisible. Cependant les ennuis judiciaires de Spatz ont largement contribué à la chute de la communauté qui s’étendait autrefois en Belgique, France, Espagne et au Portugal. Il ne resterait plus qu’une « vingtaine de personnes fanatisées à Chateaude- Soleils » selon Ricardo.

Ce dernier dénonce aujourd’hui « la difficulté d’accès à la justice et le manque d’accompagnement des personnes ayant grandi dans un environnement sectaire. » Mais il pense que « la France sera plus juste et qu’ils seront condamnés plus durement ».

D’autres plaintes devraient bientôt être déposées, contre l’organisation OKC et Robert Spatz directement. Ricardo Mendes annonce qu’une « victime a déjà déposé plainte contre Spatz, et d’autres devraient suivre ».

(Source : Marianne, 27.05.2021)