Dix parents membres de Tabitha’s Place et résidant à Sus (Pyrénées-Atlantiques) ont comparu devant le tribunal correctionnel de Pau. Absents durant le procès, ils sont poursuivis pour l’ouverture illégale d’un établissement d’enseignement privé, soustraction par un parent à son obligation légale compromettant la santé, la sécurité, la moralité ou l’éducation de son enfant, et enfin l’usage d’un faux en écriture (fausse attestation d’instruction à domicile alors que les enfants suivaient des cours dans une classe).
L’affaire a débuté suite à un signalement de l’Inspection académique qui soupçonnait que le groupe pourrait abriter une école ou une organisation fonctionnant comme telle mais non déclarée. L’Inspection a été alertée par des déclarations d’instruction à domicile par des parents d’enfants âgés de 3 et 16 ans. En 2019, la loi française qui régit l’instruction à la maison a précisé les modalités de contrôle de celle-ci. Le groupe n’a pas laissé les enfants passer un examen dans un établissement n’appartenant pas à la communauté. Le contrôle a dû avoir lieu au sein du groupe en présence des parents et a démontré de nombreuses insuffisances. C’était suffisant pour qu’une enquête soit mise en place par l’inspection mais aussi par la gendarmerie locale. Cette enquête a pu démontrer l’existence de deux salles de classe avec du matériel pédagogique du groupe loin des normes requises par l’Education nationale. La présence d’une école illégale au sein de la communauté a été constatée et les interrogatoires ont permis de mesurer* les manquements éducatifs des enfants (une adolescente de 16 ans n’a pas pu citer un seul auteur français par exemple). Les enseignements se limitent dès le plus jeune âge en des passages de l’Ancien Testament. Ils sont délivrés par des adultes du groupe n’ayant aucune qualification pédagogique. Les enfants et adolescents ne peuvent acquérir un esprit critique, ce qui perpétue l’emprise et le fonctionnement sectaire de Tabitha’s Place.
La procureure Cécile Gensac a requis 6 mois de prison avec sursis à l’encontre des parents, une interdiction d’ouvrir une école ou d’enseigner, une amende de 1 000 euros et une interdiction des droits civiques, civils et de famille pendant cinq ans. Elle a été suivie par le tribunal dans sa réquisition. Elle a rappelé lors du procès l’importance des droits de l’enfant notamment du droit à l’éducation, Les préjudices d’un manquement à l’éducation pour les enfants ont été soulignés. S’ils doivent quitter le groupe, l’insertion sociale ou professionnelle pourrait s’avérer compliquée pour eux.
Ce procès est le premier visant Tabitha’s Place. Une instruction est toujours en cours pour des faits de travail dissimulé et de « droit de correction » exercé par des parents de la secte contre leurs enfants.
(Sources : Sud-Ouest,21.06.2021 & 22.06.2021)
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