Les Témoins de Jéhovah espagnols déposent plainte contre une association de victimes

L’organisation des Témoins de Jéhovah espagnols a porté plainte auprès du tribunal de Torrejón d’Ardoz (Madrid) contre l’Association espagnole des victimes des Témoins de Jéhovah1, une structure créée pour découvrir les cas d’abus sexuels sur mineurs au cœur de l’organisation.

Les Témoins de Jéhovah considèrent que la simple existence de l’association porte atteinte à leur honneur par le terme « victimes ». Ils dénoncent « l’ingérence illégitime » dans leur « droit à l’honneur de la confession religieuse » et demandent sa dissolution ainsi que la fermeture de ses comptes sur les réseaux sociaux et de son site internet.

Mais les raisons de la plainte des Témoins de Jéhovah ne s’arrêtent pas là. Fondée en février 2020, l’Association Espagnole des Victimes des Témoins de Jéhovah, qui compte à ce jour 150 membres, a pour objectifs de « demander justice et de réunir tous ceux qui ont quitté la secte en raison de prétendues malversations ». Les Témoins de Jéhovah lui reproche l’Article 5 de ses statuts qu’ils considèrent comme un chantage. En effet celui-ci stipule qu’elle ne se dissoudra que lorsque l’organisation des Témoins de Jéhovah et ses membres respecteront la « collaboration avec les autorités en cas d’informations sur des membres qui abusent des mineurs au sein des congrégations ».

Par ailleurs les Témoins de Jéhovah craignent que l’Association Espagnole des Victimes des Témoins de Jéhovah joue un rôle déterminant dans la poursuite d’une enquête ouverte à Tolède en 2019 après la plainte d’une victime présumée d’abus sexuels, pour laquelle quatre « anciens » ont été convoqués.

Pour son secrétaire, Enrique Carmona « les Témoins de Jéhovah veulent mettre un terme à leur message public ».

Carlos Bardavío2, l’avocat de la défense de l’Association, qui lance un appel à témoins explique qu’il « fournira des preuves documentaires pour « prouver » qu’au sein de l’organisation, il y a eu de nombreuses tentatives de suicide, des cas d’ostracisme et d’anxiété par centaines dus aux pratiques menées dans certaines de ces congrégations ». En outre, l’avocat a bien l’intention de demander des dommages et intérêts aux Témoins de Jéhovah pour « violation des droits fondamentaux ».

L’association dispose de vingt jours pour monter sa défense avant l’audience préliminaire et le début du procès.

(Source : Voz Populi, 18.06.2021)

1. Asociación Española de Víctimas de los Testigos de Jehová : https://www.facebook.com/aevtj/

2. Carlos Bardavío a publié en 2018 une thèse de doctorat intitulée Les sectes en droit pénal : étude dogmatique des crimes sectaires : https://www.jstor.org/stable/j.ctvr0qt9m%20

 

  • Auteur : Unadfi