La responsabilité de Shincheonji dans la propagation du Covid-19

A l’origine des nombreux cas de Covid-19 qui touchent le pays, la secte Shincheonji doit faire face à ses responsabilités dans la crise sanitaire causée par l’aveuglement de ses fidèles en Corée du Sud. Le maire de Séoul a porté plainte pour homicide contre les dirigeants du groupe. Les autorités ont lancé une campagne de dépistage et de confinement ciblant les membres de Shincheonji, mais le listing des 200 000 membres fournis par l’Église serait inexact.

La propagation est partie mi-février d’une femme âgée de 61 ans. Bien qu’ayant de la fièvre, elle a refusé deux fois de se soumettre à un test de dépistage et assisté à au moins quatre offices auxquels au moins 1000 fidèles auraient participé.

A la suite de cette découverte, l’Église a fermé ses lieux de culte à travers le pays, mais le mal était fait. L’enquête des autorités sanitaires pour retracer le parcours de la femme à l’origine de l’infection dans l’Église, a révélé que le groupe avait récemment ouvert une succursale en Chine à Wuhan, dont la mention a disparu de leur site internet.

Cette Église fondée en 1984 par Man Hee Lee, qui se prétend prophète du Christ, est connue pour son travail missionnaire intense et agressif, entre autre en s’infiltrant dans les Églises concurrentes pour recruter de nouveaux membres. Selon Shin Hyun Wook, ex-adepte militant aujourd’hui contre les dérives sectaires, les fidèles n’informent même pas leur famille de leur adhésion au mouvement, ce culte du secret faisant courir de gros risques aux adeptes et à la population en cas d’épidémie.

Les membres considèrent la maladie comme un péché et n’en n’ont aucune crainte pensant que ceux qui tombent malades et meurent succombent par manque de foi. « On nous a appris à ne pas nous soucier de choses du monde telles que les emplois, l’ambition ou la passion. Tout était axé sur le prosélytisme, même lorsque nous étions malades », raconte une ex-adepte.

Les contacts entre les adeptes sont étroits et fréquents. Durant les offices le port des lunettes et du masque est interdit, car considéré comme irrespectueux envers Dieu, et les contacts physiques, comme mettre le bras autour des épaules de son voisin, obligatoires. En dehors des cérémonies qui réunissent de grandes foules, les adeptes se retrouvent tous les jours en petits groupes pour étudier la Bible et faire du prosélytisme.

Bien que Man Hee Lee affirme suivre les recommandations du gouvernement, des messages diffusés sur les réseaux sociaux auraient encouragé les adeptes à poursuivre l’évangélisation en dépit de la propagation du virus dans leurs rangs. Pire même : une rumeur selon laquelle les membres de l’Église auraient reçu pour consigne de propager le virus pourraient, selon des ex adeptes, s’avérer exacte. L’un d’eux a déclaré sous couvert d’anonymat, « Quand j’ai entendu parler de cette prétendue rumeur pour la première fois, je pensais que c’était 100% vrai. » Pour Man Hee Lee « cette épidémie est l’oeuvre du diable déterminé à arrêter la croissance rapide de Shincheonji ».

Même si le dirigeant a adressé ses excuses à la population, plus d’un demi-million de personnes ont signé une pétition demandant au gouvernement de dissoudre officiellement le groupe. En Corée du Sud, toute pétition de plus de 200 000 signatures adressée par les citoyens au bureau présidentiel est garantie d’obtenir une réponse officielle.

(Sources : The Independant.sg,04.03.2020)