L’intérêt des enfants avant la liberté de religion

Les organisations gouvernementales, en charge du dossier de la secte juive ultra-orthodoxe Lev Tahor, se sont vu infliger un sévère blâme par la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse du Québec qui a considéré que l’intérêt des enfants de Lev Tahor n’a pas toujours prévalu dans cette affaire( 1). Le président de la commission a rappelé que les autorités doivent « assurer le respect intégral des intérêts de chaque enfant, quel que soit l’univers familial, communautaire ou religieux à l’intérieur duquel il évolue ».

Le président a notamment déclaré que « la liberté de religion ne peut en aucun cas constituer un prétexte à la maltraitance et à la négligence. C’est essentiel que tous les organismes qui ont à intervenir dans ce type de milieu, comprennent mieux à l’avenir les intérêts publics en cause et privilégient, dans tous les cas, la protection des droits de l’enfant ».
La Commission déplore les « cafouillages » et le manque de coordination des services concernés (éducatifs, scolaires, sociaux ou policiers) dans ce dossier où le sort de 134 enfants était en jeu. Parmi ces irrégularités, elle dénonce le délai trop long entre le moment où la DPJ a été saisie du dossier et l’opération qui a permis de retenir les signalements des enfants. Elle regrette également la passivité des autorités scolaires qui n’ont pas été suffisamment insistantes concernant l’obligation scolaire des enfants qui ne parlaient ni français, ni anglais et ne recevaient qu’une éducation religieuse au sein de la communauté.

Les conclusions du rapport de la Commission des droits de la personne mettent en cause la « bureaucratie » et un certain malaise face à la religion. La liberté de religion implique la liberté de croire ou de ne pas croire mais elle n’autorise pas à franchir certaines lignes. Quand l’éducation est déficiente, qu’elle fait de l’enfant un analphabète civique et l’empêche de faire un choix éclairé, quand la religion est subie et non choisie, alors c’est le contraire de la liberté. 

Carolle Tremblay, présidente de l’association Info- secte et avocate en droit de la famille, s’est occupé d’enfants de la secte. Elle affirme que « Lev Tahor n’est pas le premier groupe, ni malheureusement le dernier où les enfants souffriront aux mains d’une direction autoritaire où ils verront leurs droits fondamentaux ignorés ou niés. Il est maintenant temps de mettre en oeuvre les recommandations de ce rapport et de le faire d’une manière globale en incorporant toutes les expertises pertinentes ».

(Sources : Agence QMI & La Presse, 09.07.2015 & Info-Secte, 13.07.2015 & La Presse, 14.07.2015)

(1) La communauté Lev Tahor avait défrayé la chronique lorsque ses membres s’étaient précipitamment enfuis de Saint-Agathe-Les-Monts le 18 novembre 2013 pour se rendre en Ontario. La Sûreté du Québec soupçonnait la secte de traite de personnes, d’enlèvement
d’enfants et de voies de faits. La Direction de la protection de la jeunesse avait de son côté retenu les signalements de 134 enfants en août de la même année.
Lire sur le site de l’UNADFI, La communauté Lev Tahor : https://www.unadfi.org/groupe-et-mouvance/la-communauté-lev-tahor