Inquiétantes prises en charge de patients autistes

Olivia Cattan, auteure du Livre noir de l’autisme, a dénoncé d’inquiétants traitements proposés pour l’autisme. Journaliste pour Slate, Laure Dasinières explore la vision anthroposophe de ce trouble et les offres thérapeutiques proposées par le mouvement.

Pour les anthroposophes, dont la représentation du monde repose sur des concepts spirituels et ésotériques, l’autisme serait « considéré comme un processus d’incarnation atypique » qui aurait pour conséquence « une disharmonie de la fonction de l’ego ». Selon Grégoire Perra, ancien adepte et ancien professeur d’une école Steiner, les anthroposophes évoquent diverses causes à l’origine de l’autisme. Croyant au karma et à la réincarnation, ils pensent qu’un mauvais karma empêcherait une incarnation complète ce qui se traduirait physiquement par une croissance trop importante du cerveau « induisant des déformations ». C’est ce que défend l’ostéopathe d’inspiration anthroposophique Emmanuel Guizzo, découvreur du « cerveau vibratoire quantique », un cerveau « situé dans une autre dimension de l’espace-temps ». Il propose grâce à des méthodes manuelles de remodeler le cerveau des enfants autistes pour « harmoniser ses composantes mécaniques et énergétiques. »

Selon les anthroposophes, « l’incarnation autistique pourrait être un choix de l’enfant pour compenser un défaut d’une vie antérieure » où il aurait été trop matérialiste sous l’influence d’Ahriman, une entité considérée comme mauvaise.

Pour les patients pris en charge en ville, les médecins anthroposophes prescrivent la « pharmacopée anthroposophique traditionnelle » reposant sur des traitements à base « d’algues, bains, solutions d’arsenic injectables ou à boire et homéopathie ».

Le mouvement se propose aussi de recevoir des personnes souffrant de handicaps dans les « instituts de pédagogie curatives », liés au mouvement Camphill, dont les procédures thérapeutiques s’appuient sur des concepts anthroposophiques. Aux médicaments évoqués plus haut, s’ajoutent des activités agricoles (agriculture biodynamique), artisanales, sportives (eurythmie1 et gymnastique Bothmer2). Les pensionnaires doivent aussi assister à des offices durant lesquels sont lus des textes de Rudolf Steiner qui auraient des vertus curatives.

Grégoire Perra s’inquiète du manque de contrôle de ces centres, car, explique-t-il, « il n’y a pas ou peu de contrôle. Il n’y a aucune prise en charge psychologique, il n’y a pas de médecin sur place ».

(Source : Slate, 30.10.2020)

1. L’Eurythmie est une « danse thérapie » censée fortifier l’âme.

2 La gymnastique Bothmer est une discipline initialement conçue dans le cadre des écoles Waldorf. Composée de figures comprenant des chutes, sauts, elle viserait à équilibrer la personne selon des principes anthroposophiques.

Pour en savoir davantage sur l’Anthroposophie, lire sur le site de l’Unadfi : https://www.unadfi.org/mot-clef/anthroposophie/

  • Auteur : Unadfi