Coup de théâtre: arrestation de Nachman Helbrans et de quatre acolytes

Parallèlement, Nachman Helbrans a été arrêté à Mexico avec trois autres dirigeants1 de Lev Tahor, dans le cadre d’une opération menée conjointement par le FBI et Interpol. Cette arrestation met fin à cinq ans de cavale des 200 membres de la secte qui avaient quitté Sainte-Agathe-des-Mons (Québec, Canada) avec une centaine d’enfants pour échapper à la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ). Ce nouvel épisode de la saga Lev Tahor pourrait peut-être accélérer le retour de ces enfants au Québec. Les cinq suspects sont accusés, entre autres, d’enlèvement, d’abus sexuel, d’extorsion de fonds, de manoeuvre d’intimidation et de maltraitances d’enfants. Les quatre hommes seraient aussi responsables de l’enlèvement des enfants de Sara Feige Teller.

Shlomo Helbrans, a fondé Lev Tahor à Jérusalem en 1987. Il a prospéré avant de devoir, au début des années 1990, migrer aux États-Unis se disant victime de discrimination religieuse en Israël. Reconnu coupable d’enlèvement en 1994, il a purgé une peine de deux ans de prison avant d’être extradé en Israël en 2000.

En 2003, il s’installe au Canada dans la banlieue de Sainte-Agathe-des-Monts, au nord de Montréal, où il obtient un statut de réfugié, affirmant que sa vie était menacée en Israël. La secte y prospère durant une décennie avant que les autorités québécoises ne commencent à lui accorder une attention particulière. En 2012, l’hospitalisation d’une jeune fille de 14 ans alerte les autorités sanitaires ; elle menace de se suicider si on la force à retourner dans sa communauté craignant d’y être mariée de force. Après une inspection dans la communauté, la DPJ y constate des problèmes d’hygiène majeurs. Les enfants ne sont pas scolarisés. D’anciens membres évoquent des châtiments corporels.

En novembre 2013, les adeptes décident de fuir en pleine nuit vers l’Ontario. Après avoir rejeté la demande de la DPJ québécoise de placement de quatorze enfants du groupe, les services à l’enfance ontariens sont dans l’obligation de constater que les enfants sont en danger et ordonnent le placement de treize d’entre eux.

La secte poursuit alors sa cavale au Guatemala puis au Mexique. Au Guatemala, quelques familles avaient rejoint Lev Tahor avant de s’apercevoir à quel point le mode de vie imposé par la secte était difficile. Elles ont donc fui le mouvement et lorsque les forces de l’ordre sont intervenues au Mexique, elles ont trouvé des enfants de ces familles séquestrés dans les deux résidences de la secte.

Mais depuis son installation en Amérique du Sud, le sort des enfants continue de préoccuper les autorités. Leur situation s’est détériorée depuis la mort suspecte de Shlomo Helbrans. En juillet 2017, il se serait noyé après avoir glissé sur une roche lors d’une cérémonie de purification dans une rivière.

Selon les rapports des forces de l’ordre, les dirigeants de la secte suggéraient aux adeptes que la mort était préférable à une vie en dehors de la communauté. Décrit comme encore plus radical et barbare que son père, Nachman Helbrans qui lui a succédé aurait durci les règles déjà strictes de la communauté.

Edictées par Shlomo Helbrans, les règles de Lev Tahor ne laissent aucun doute sur la qualification de secte :

– Chacun doit se plier à la volonté du leader.
– Chacun doit accepter que toute sa descendance soit soumise à la volonté du leader et lui appartienne.
– Chacun doit être toujours prêt, quelque soit son état de santé, à se soumettre aux volontés du leader.
– Quel que soit l’âge de l’homme, la « vierge » doit accepter de s’y soumettre si c’est la volonté du leader.
– Chacun doit faire abstraction de ses besoins physiques : manger ou dormir ne sont possibles que si c’est la volonté du leader.

La DPJ québécoise avait déjà rapatrié des enfants et les avait placés dans des familles d’accueil. Elle a refusé de révéler le nombre de ces enfants mais assure qu’elle est prête à prendre en charge les autres.

(Sources : Ici Radio Canada & Yeshiva World News, 20.12.2018)

1. Meyer, Jacob et Aron Rosner