Au coeur des services secrets de la Scientologie

Dans un article pour Vice le journaliste Robin d’Angelo a interviewé un ancien membre des bureaux de l’OSA (Office of Special Affairs) de Paris. Son témoignage éclaire sur le rôle de cette branche de la Scientologie qui peut être assimilée à un véritable service secret de l’organisation.


Entré dans la Scientologie dans les années 1970, il atteint le niveau de « clair » mais ayant rapidement perdu ce statut, il a dû tout repayer pour l’atteindre de nouveau. Puis éloigné de l’organisation pendant un temps, il y retourne au début des années 2000 lors d’une période difficile de sa vie. Il signe pour une formation trop chère pour lui, et la Scientologie lui propose alors de travailler pour l’OSA à temps partiel. Il effectuera deux contrats de cinq ans avant de quitter brusquement l’organisation. Il effectuait, en plus de son activité professionnelle, 25 heures par semaine pour un salaire plus que modeste. Pour lui cette exploitation est le propre de la Scientologie, elle est rendue possible par l’emprise qu’elle exerce sur ses membres. Elle réussit à faire croire aux adeptes qu’ils sont heureux et qu’ils doivent donner le meilleur d’eux-mêmes.

Son travail, il l’exerce dans le sous-sol des bâtiments du mouvement près de la Bastille à Paris. L’office est divisé en deux pôles : un pôle investigation enquêtant sur les adversaires de l’organisation (appelé « Invest ») et un pôle juridique (appelé « Legal preps »), pour lequel il travaillait. Lors des procès, il s’occupait de prévoir les éventuelles attaques des parties adverses et de fournir des notes pour aider les avocats de la Scientologie. Il restait aussi près des tribunaux où se déroulait les procès avec des tonnes de documents à fournir à l’avocat en cas de besoin. Cette tactique permet de submerger le procès de documents. Parlant couramment plusieurs langues, il était aussi souvent amené à traduire de longs documents, à destination des États-Unis, notamment des pièces de dossiers d’instruction ou encore la loi française de 1905 sur la séparation de l’église et de l’Etat.

L’OSA assure également un rôle de lobbyiste auprès d’élites culturelles et intellectuelles. Des dîners avec des proches de patrons de grandes entreprises ou des hommes politiques sont organisés afin de montrer que la Scientologie n’a rien d’une secte et qu’elle compte des membres cultivés et respectables.

L’OSA aurait aussi un rôle d’intimidation. Selon ce témoin, il est courant aux Etats-Unis que la Scientologie vole du courrier de personnes avec qui le groupe est en conflit de manière à ce que la personne ne se présente pas lors de l’audience. Outre-Atlantique la Scientologie n’hésite pas user de moyens à la limite de la légalité pour déstabiliser ses opposants ou ses anciens membres.

Le témoin rappelle la théorie de Ron Hubbard – le fondateur de la scientologie – sur les opposants, si une personne attaque la Scientologie, c’est qu’elle a des choses à se reprocher, il faut donc trouver des éléments sur elle.

(Source : Vice, 13.05.2019)