Arkéon

Italie

Le père R. C., prédicateur du vatican, a comparé les dénonciations des prêtres pédophiles de l’Eglise catholique aux « aspects les plus honteux de l’antisémitisme ». Cette sortie a provoqué l’indignation et le père a dû s’excuser auprès des victimes de la pédophilie et auprès des Juifs.


Par contre, il ne s’est pas encore manifesté auprès des victimes de la « méthode Arkéon », un ensemble de rituels « sinistres » pratiqués par une psychosecte, « Sacred Path » (Sentier sacré), jugée pour une longue série de délits.

Cette affaire embarrasse beaucoup le Vatican qui est « gêné » par le soutien du père R. C. à une organisation « dont la base psycho-religieuse s’appuie sur la théorie du pédophile ». La méthode Arkeon, selon son inventeur actuellement jugé, V. M., est un « parcours de connaissance ». Pour les magistrats, il s’agit plutôt d’un moyen « de soutirer un maximum d’argent à des sujets psychologiquement fragiles » et totalement soumis à l’emprise de V. C. M.. Chaque étape du « parcours de connaissance » qui comprenait trois niveaux, avait un coût. Les enquêteurs ont ainsi calculé que chaque adepte pouvait dépenser jusqu’à 20.000 euros. Et les adeptes du Sentier Sacré étaient presque 20.000 !

Selon la pensée du fondateur, 96 % des personnes ont été victimes d’abus sexuels dans leur enfance de la part de membres de leur propre famille, confie un ancien adepte. La « théorie du pédophile » incitait ainsi à la haine à l’égard des parents. Il y avait aussi la « transgression créatrice » en cas de crise dans un couple. Le « maître » V. C. M. « autorisait » alors des relations extra-conjugales, généralement pour… l’homme.

Dans les premières années de son existence, la méthode Arkeon se répand grâce au bouche à oreille. La presse en parle à partir de 2004 puis en septembre de cette même année, le père R. C. consacre une émission de télévision à V. C. M..

Le scandale éclate le 20 janvier 2006 lorsque l’un des plus célèbres animateurs de télévision accueille dans son émission la psychologue Lorita Tinelli, présidente du Centre d’études sur les abus psychologiques, et deux anciens disciples de V. C. M.. Des accusations sur lesquelles repose le procès actuellement en cours sont rendues publiques. Malgré cela, le père R. C. persiste et peu après, se rend à Milan où il célèbre une messe « à laquelle assistent V. C. M. et des centaines de disciples ». La véritable relation entre le prédicateur et le Sentier Sacré éclate il y a un peu plus d’un mois et paradoxalement à cause d’une contre-attaque juridique du Sentier Sacré. Ce dernier avait en effet exigé du Centre d’études sur les abus psychologiques le versement « de dommages et intérêts faramineux » pour atteinte à l’image. Pour démontrer aux juges la considération dont jouissait Le Sentier Sacré « dans des milieux irréprochables », les avocats de V. C. M. ont versé au dossier des lettres du père R. C. qui contenaient des témoignages empreints d’inquiétude de proches d’adeptes ainsi que des demandes d’aide faisant état des « rites étranges et dangereux » d’Arkeon. Au printemps 2006, le père R. C. disposait donc d’informations « qui auraient dû l’inciter à se méfier du Sentier Sacré ». En outre, lors d’un dernier rebondissement de cette affaire, il a été découvert que le prédicateur avait menti en prétendant n’avoir aucun intérêt pour les affaires internes de la secte.

Pour ajouter au reste, un théologien recommandé chaudement par le père R. C., et au demeurant, auteur du premier article élogieux sur la méthode Arkeon en 2004, est devenu célèbre grâce à la télévision. Des vidéos à usage interne saisies par les magistrats ont atterri dans une émission de télévision. On y voit un prêtre parler de « quelques expériences sexuelles avec des femmes » puis s’agenouiller devant V. C. M.. Pour finir, des images enregistrées par erreur sur une vidéo montrent des pieds en mouvement. Le plus remarquable restant V. C. M. qui déclare : « J’ai vraiment eu une idée de génie pour m’inventer un tel boulot ! ».

Source : Libération, Giovanni Maria Bellu, traduction Marquerite Pozzoli, 31.05.2010