Les prétendues vertues de la lithothérapie ?

Au début du mois de novembre, plusieurs enseignes, comme Fnac, Cultura ou Leclerc, ont été prises à partie sur les réseaux sociaux, des internautes se sont émus de voir figurer en bonne place dans leurs rayons le « Guide pratique de lithothérapie », un ouvrage expliquant les propriétés guérisseuses des cristaux et dans lequel figurerait une pierre qui « aide à traiter » le sida !

Popularisée par le mouvement new age dans les années 1970, la lithothé­rapie, comme d’autres thérapies, a le vent en poupe aujourd’hui. Elle pré­tend prévenir et soigner toutes sortes de maladies grâce aux supposés pou­voirs des cristaux. Sur lithothérapie. com, « on apprend que l’aigue-marine préviendrait les crises cardiaques ». Mais aucune étude scientifique n’ayant été réalisée pour évaluer leur efficacité, comment expliquer alors leur pouvoir et leur fonctionnement ? La bijouterie France minéraux avance une explication pas forcément très rationnelle : « la pierre en question déclenche au contact de la peau une résonance vibratoire singulière qui va stimuler les minéraux organiques, retirant de potentiels dysfonctionne­ments corporels. Chaque minéral dis­pose d’une vibration unique et offre ainsi une activation des centres éner­gétiques (chakras). »

Christian Chopin, directeur de re­cherche au CNRS spécialiste en minéralogie explique, « hormis les substance radioactives », « le monde minéral est caractérisé par son inertie : à la différence du monde du vivant, il ne produit pas spontanément d’éner­gie ». […] Il n’y a tout simplement aucune interaction possible entre les cristaux et le corps humain ». Mais les lithothérapeutes ont une réponse à cet argument, pour eux la pierre inte­ragirait avec le corps humain via une énergie « spirituelle », « mystique ».

Pourtant une étude, menée sur 80 personnes en 2001 par le psycho­logue britannique Chris French, a déjà démontré que le niveau d’efficacité ressentie par les gens était corrélé à leur niveau de croyance. Les partici­pants à l’étude s’étaient vus remettre un cristal avec lequel il leur avait été demandé de méditer et ensuite de partager leurs sensations. Les volon­taires les plus croyants ont ressenti de plus forts effets que les autres, même lorsqu’ils s’étaient vu remettre un bout de verre !

Une amélioration de l’état de santé suite à l’utilisation de cristaux ne peut donc être attribuée qu’à un effet placebo. Si pour une personne en bonne santé la lithothérapie n’est pas dangereuse, elle reste néanmoins une porte d’entrée vers des pseudo-thérapies coûteuses pouvant amener vers de possibles dérives sectaires. Edzard Ernst, professeur honoraire à l’université d’Exeter, prévient, :« s’appuyer sur les prétendus pouvoirs des cristaux quand on est gravement malade peut vous coûter la vie ». C’est ce qui est arrivé à une femme souffrant du cancer, selon le témoignage de Didier Pachoud, président du Gemppi au Sénat en 2012, elle a préféré s’acheter un lit de cristal coutant 5 000 euros pour se soigner, négligeant les soins conventionnels adaptés à son état de santé.

(Source : Le Figaro Santé, 15.11.2019)

  • Auteur : Unadfi