Les charlatans et les mouvements sectaires à l’affut de la Covid

Avec la crise de Covid-19, de nombreux praticiens et des groupes sectaires se sont développés et proposent des cures de bien-être et de développement personnel et des soins pouvant être dangereux pour l’individu et sa santé. Ils exercent aussi une emprise mentale qui peut mener l’individu à une rupture avec ses proches et son passé. 

Ces groupes et charlatans tentent de séduire des personnes vulnérables et en recherche de sens dans la situation actuelle. Pour Franceline James, psychiatre psychothérapeute et fondatrice de l’Association genevoise pour l’ethnopsychiatrie (AGE), qui reçoit des victimes de dérives sectaires, les mouvements sectaires usent de mécanismes d’emprise très subtils qui font que l’individu n’a pas conscience d’entrer directement dans une secte. Pour elle, la rencontre avec un mouvement sectaire se fait à un moment où un individu est en proie à des questionnements et se voit offrir un discours qui a du sens et des réponses à une crise personnelle et/ou collective. La crise sanitaire a mis en lumière des mécanismes d’emprise notamment ceux des mouvements complotistes et des praticiens de PSNC (pratiques de soins non conventionnelles). Les mouvements sectaires ont aussi profité de la situation pour assurer leur prosélytisme et asseoir leur emprise sur les adeptes notamment ceux dont la maîtrise d’Internet et des réseaux était avérée. Des coachs en développement personnel ou en nutrition ont aussi du succès alors que leurs méthodes peuvent s’avérer dangereuses et ne reposent parfois sur aucun substrat médical ou psychologique. Certains enrobent leurs pratiques de discours complotistes et fustigent les décisions de santé publique. Pour Franceline James, ces discours radicaux paralysent la pensée de l’individu et l’entraînent vers une rupture avec leurs précédents ancrages et attaches idéologiques.

Le média en ligne Slate rapporte le témoignage d’une personne ayant suivi une retraite de méditation Vipassana de 10 jours, début 2020, à un moment où elle était en plein questionnement sur sa vie. Face à des règles strictes lors de la retraite, elle ressent des malaises et des angoisses terrifiantes. Elle souhaite alors quitter la retraite mais le guide lui précise que si elle abandonne elle s’expose à des graves séquelles psychologiques. Terrorisée elle la termine mais en ressort profondément détruite et débute le confinement de mars 2020 dans un état de détresse qui se terminera pour elle en hôpital psychiatrique à la suite de tentatives de suicide et d’épisodes psychotiques. Aujourd’hui, elle ne se sent pas encore guérie et raconte que lorsqu’elle ferme les yeux elle a « l’impression de partir en méditation, comme si j’avais perdu pour toujours le contrôle de mes pensées ».

De nombreuses pratiques de soins non conventionnelles apparues à l’orée de la pandémie étaient déjà connues de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) et des associations d’aide aux victimes de mouvements sectaires. Cependant la pandémie et son lot d’incertitudes ont été favorables au développement d’un grand nombre d’entre elles qui prétendent apporter des solutions miracles à tous les maux.

(Source : Slate, 09.03.2021)

  • Auteur : Unadfi