À savoir : La mouvance anti-vaccination

 La mouvance anti-vaccination s’est propagée en France et dans le monde par le biais d’Internet. 70% des blogs et sites traitant de la vaccination remettent en cause des faits scientifiques démontrés. Comment et pourquoi beaucoup de personnes adhèrent-elles à ces théories ?

Le rôle primordial que joue la vaccination est de se protéger soi-même et de protéger les autres. Alors que la population occidentale implore les scientifiques de trouver un vaccin contre le Sida ou l’Ebola, elle a de plus en plus tendance à décrier les vaccins mis à sa disposition. Elle semble avoir oublié que la  vaccination a permis d’éradiquer totalement la variole et la poliomyélite, la diphtérie et le tétanos dans les pays développés.

Si la population française comptait 9% de méfiants au début des années 2000, la proportion est passée à 40% en 2010. Gérald Bronner, sociologue, explique que ce courant anti-vaccination n’est pas né avec Internet. Il est né à la fin du 19e siècle avec les vaccins. Si ses argumentaires sont restés confidentiels et n’ont pas gagné l’espace public durant plusieurs années, Internet a permis leur propagation. « Le web est un marché dérégulé dans lequel ceux qui ont le plus de temps et les plus engagés – militants, croyants et lanceurs d’alerte autoproclamés – sont ceux qui occupent le plus d’espace sur la Toile » explique le sociologue.

Sur l’ensemble des sites et blogs traitant de la vaccination, ceux qui la contestent sont majoritaires. « De manière générale, 70% (…) diffusent des contenus qui s’apparentent à des croyances et remettent en question des faits scientifiquement démontrés » explique Gérald Bronner. Reste à comprendre et à savoir pourquoi bon nombre adhèrent à ces contenus ? Selon le sociologue, ces théories fonctionnent parce qu’elles favorisent la « démagogie cognitive » en agissant « sur le fonctionnement ordinaire du cerveau ». Ce dernier surévalue les plus faibles probabilités, « ce qui fait que nous surévaluons le risque par rapport au bénéfice apporté ». Nous concevons également davantage les conséquences de nos actions que de nos inactions. Ainsi les parents anti-vaccins ne perçoivent pas les conséquences de la non-vaccination de leurs enfants.

Gérald Bronner pense qu’il est temps de « sortir du démagogisme et de l’idéologie organisés par le Web ». Sans doute faut-il également enrichir la toile d’informations fiables et sourcées provenant des scientifiques et des médecins « afin de ne plus laisser le champ libre aux théories non fondées sur les vaccins ».

(Source : Sciences et Avenir, 10.12.2015)