Colloque

Des organisations sectaires s’appuient sur les théories du complot pour instiller leur idéologie. Dans le cadre d’un colloque organisé par le parti socialiste bruxellois, les intervenants ont tenté de déconstruire les méthodes conspirationnistes.

Le Rayon violet, organisation sectaire infiltrée dans le domaine de la santé, a été pris en exemple. Son dirigeant prétend être en contact avec un « maître ascensionné », une « entité cosmique » qui lui aurait donné son avis sur la vaccination : les vaccins serviraient à placer des implants dans les personnes permettant à l’Organisation mondiale de la Santé de contrôler et de tuer des gens à distance.

Le CIAOSN (Centre d’information et d’analyse sur les organisations sectaires nuisibles) a naturellement contesté cette théorie du complot mondial
et a expliqué que beaucoup de mouvements sectaires ont cette vision. Concernant les vaccins, le message complotiste lentement instillé via les réseaux
sociaux a créé le doute dans la population. En Belgique, on a pu clairement observer une baisse du taux de vaccination.
Ce phénomène agit comme une lame de fond et il ne faut pas le sous-estimer.

(Source : dhnet.be, 16.12.2015)

 

À savoir 

 

La mouvance anti-vaccination s’est propagée en France et dans le monde par le biais d’Internet. 70% des blogs et sites traitant de la vaccination remettent en cause des faits scientifiques démontrés.

Comment et pourquoi beaucoup de personnes adhèrent-elles à ces théories ?

Le rôle primordial que joue la vaccination est de se protéger soi-même et de protéger les autres. Alors que la population occidentale implore les scientifiques de trouver un vaccin contre le Sida ou l’Ebola, elle a de plus en plus tendance à décrier les vaccins mis à sa disposition. Elle semble avoir oublié que la vaccination a permis d’éradiquer totalement la variole et la poliomyélite, la diphtérie et le tétanos dans les pays développés.

 

Si la population française comptait 9% de méfiants au début des années 2000, la proportion est passée à 40% en 2010. Gérald Bronner, sociologue, explique que ce courant anti-vaccination n’est pas né avec Internet. Il est né à la fin du 19e siècle avec les vaccins. Si ses argumentaires sont restés confidentiels et n’ont pas gagné l’espace public durant plusieurs années, Internet a permis leur propagation. « Le web est un marché dérégulé dans lequel ceux qui ont le plus de temps et les plus engagés – militants, croyants et lanceurs d’alerte autoproclamés – sont ceux qui occupent le plus d’espace sur la Toile » explique le sociologue.
Sur l’ensemble des sites et blogs traitant de la vaccination, ceux qui la contestent sont majoritaires. « De manière générale, 70% (…) diffusent des contenus qui s’apparentent à des croyances et remettent en question des faits scientifiquement démontrés » explique Gérald Bronner. 

 

Reste à comprendre et à savoir pourquoi bon nombre adhèrent à ces contenus ? Selon le sociologue, ces théories fonctionnent parce qu’elles favorisent la « démagogie cognitive » en agissant « sur le fonctionnement ordinaire du cerveau ». Ce dernier surévalue les plus faibles probabilités, « ce qui fait que nous surévaluons le risque par rapport au bénéfice apporté ». Nous concevons également davantage les conséquences de nos actions que de nos inactions. Ainsi les parents anti-vaccins ne perçoivent pas les conséquences de la non-vaccination de leurs enfants. 

Gérald Bronner pense qu’il est temps de « sortir du démagogisme et de l’idéologie organisés par le Web ». Sans doute faut-il également enrichir la toile d’informations fiables et sourcées provenant des scientifiques et des médecins « afin de ne plus laisser le champ libre aux théories non fondées sur les vaccins ».

(Source : Sciences et Avenir, 10.12.2015)