Comprendre et analyser les fausses nouvelles

Radio Canada s’est intéressée aux biais cognitifs et aux différents mécanismes qui nous rendent vulnérables et peuvent nous amener à croire à certaines théories du complot et autres fake news.

– Le biais de confirmation : ce biais nous amène à rechercher des informations qui confirment notre opinion et réfutent ce qui la contredit. Plusieurs recherches ont prouvé que notre cerveau nous récompense lorsque l’on traite une information confirmant notre point de vue en secrétant de la dopamine. Pour Hugo Mercier, chercheur en sciences cognitives à l’Institut Jean-Nicod, ce biais permet à l’individu d’affirmer sa place dans le groupe. En effet pour convaincre une personne et réfuter ses arguments l’individu a tout intérêt à chercher des arguments soutenant son opinion. Cependant ce biais devient un piège lorsque l’individu est entouré uniquement de personnes pensant comme lui.

– Chercher à préserver son identité : en effet une fois que son idée est faite il semble difficile pour un individu d’admettre son erreur même en cas de preuves contraires. Cela entraine une identification émotionnelle à nos convictions. Abandonner son point de vue correspondrait à remettre en question son identité.

– La négligence ou le manque d’outils intellectuels : des chercheurs ont constaté que des individus pouvaient croire des fausses nouvelles même quand elles sont contraires à leur opinion par manque de raisonnement analytique s’en remettant uniquement à leur intuition. Ils ne regardent pas les sources et ne se questionnent pas sur l’information.

– Les erreurs induites par la mémoire : l’individu a tendance à considérer une information comme véridique si elle lui parait familière, même si on lui démontre qu’elle est fausse. C’est l’effet de vérité illusoire. Deux chercheurs ont pu observer que les participants étaient plus enclins à croire des fake news déjà rencontrées que celles qu’ils observaient pour la première fois. Cet effet pose un problème aux médias : en tentant de montrer la fausseté d’une information ils contribuent à renforcer l’effet de vérité illusoire.

– Les informations qui marquent le plus notre attention sont souvent celles qui nous préviennent d’une menace. Les créateurs de fausses nouvelles mettent souvent en avant les risques et les dangers potentiels, notamment dans le cas de l’alimentation ou de la vaccination.

– Croire ce que l’on perçoit est inné chez l’être humain car il est difficile pour notre cerveau d’accepter que nos sens peuvent nous tromper.

– Chercher un sens aux événements, croire que tout événement a une cause évidente. Le biais de corrélation qui incite à imaginer des liens de causalité entre des événements ou des situations. Le biais d’intentionnalité pousse à croire qu’il y a une volonté intentionnelle souvent négative derrière ce qui arrive. Le biais de conjonction entraîne à croire qu’il existe forcément un lien entre deux évènements sont rapprochés.

– L’effet Dunning –Kruger : les personnes qui croient des fausses informations sont souvent convaincues d’en savoir suffisamment sur le sujet et souvent plus que les experts. Les spécialistes dans un domaine peuvent aussi être touchés par ce phénomène car ils doutent plus difficilement d’eux-mêmes. On voit en effet certains scientifiques tomber dans la croyance en des théories pseudoscientifiques.

– Le besoin de faire partie d’un groupe : le biais social amène à être plus fragile face aux fake news quand cela joue sur l’identité (origine, orientation politique ou religieuse). Pour Hugo Mercier les individus partagent parfois de fausses nouvelles avec des personnes aux opinions similaires pour marquer leur appartenance au groupe.

Il est important de comprendre ces différents biais et comportements pour pouvoir les contourner et aiguiser son esprit critique. S’entourer de gens dont on ne partage pas les opinions permet de développer son humilité intellectuelle, reconnaitre ses erreurs, et d’être alors plus prudent et vigilant face à l’information.

(Source : Radio Canada, 05.06.2019)