Une femme politique adepte du groupe Science of Identity Foundation

Tulsi Gabbard est une femme politique américaine. En 2021 elle marquait l’histoire en devenant la première femme née aux Samoa américaines et hindoue pratiquante à être élue au Congrès des Etats-Unis. Elle a annoncé au début du mois d’octobre quitter le parti démocrate, l’accusant d’être « hostile aux personnes croyantes et spirituelles ».

Elle est adepte depuis son plus jeune âge du groupe Science of Identity Foundation. Sa relative versatilité en termes de convictions politiques (Tulsi Gabbard a exprimé son soutien à Trump après avoir claqué la porte du parti démocrate) a mené plusieurs médias à s’interroger quant à l’influence qu’ont pu exercer les enseignements suivis au sein du groupe sur ses opinions politiques.

Dans les années 70, un jeune professeur de yoga et surfeur du nom de Chris Butler avait fondé son propre mouvement mais cherchait à gonfler le rang de ses adeptes. Il rencontra alors le fondateur de Hare Krishna, Bhaktivedante, qui avait fondé son propre mouvement quelques années auparavant, mouvement devenu rapidement extrêmement populaire. Cette rencontre déboucha sur un accord : Hare Krishna pourra absorber les fidèles que Butler avait réussi à réunir, et en échange Butler deviendrait un initié de Hare Krisha. Butler a ensuite été baptisé du nom de Siddhaswarupanada.

Cependant Butler déviait totalement des principes hindous. Il épousa une femme et enseignait à ceux qui lui étaient restés fidèles à ne pas se raser les cheveux à ne pas porter de robes. Bhaktivedanta le réprimandait pour ses enseignements non-orthodoxes. C’est lors du décès de ce dernier que Butler créa son groupe dissident : Science of Identity Foundation. Il continua à réduire l’importance du contenu des textes traditionnels et des pratiques hindous et en parallèle se mit à exposer ses propres croyances, à savoir une virulente rhétorique homophobe et islamophobe, et une défense de l’instruction à la maison.

Aujourd’hui, Science of Identity Foundation réunit une communauté très unie d’environ mille adeptes basés à Hawaii, en Australie, en Nouvelle-Zélande et dans le sud-est de l’Asie. Parmi ses adeptes, les parents de l’ancienne élue Tulsi Gabbard.  La revue The New Yorker a rapporté que Tulsi Gabbard avait grandi avec ses frères et sœurs au sein du groupe, ne fréquentant que ses adeptes, suivant les préceptes hindous, et chantant et psalmodiant sur la plage des textes hindous sacrés.

Tout au long de sa carrière politique, Gabbard a été une importante ambassadrice de l’hindouisme aux Etats-Unis, nouant des liens avec Narendra Modi et d’autres leaders indiens. Cela lui a attiré des critiques, notamment du fait que le parti de Modi est complice de violences envers les musulmans. Gabbard a elle-même à plusieurs reprises tenu des propos controversés sur le sujet, faisant le lien entre actes terroristes et islam. Elle a également par le passé travaillé avec une organisation notoirement homophobe et qui faisait la promotion de thérapies de conversion.

Elle n’a parlé de son expérience au sein de Science of Identity Foundation qu’en termes élogieux. Or, d’anciens membres ont fait état de situations d’emprise. Un d’entre eux a écrit sur la plateforme medium.com1 : « j’ai été élevé dans l’idée que Chris Butler était la voix de Dieu sur terre, et si vous le remettiez en cause ou l’offensiez de quelque manière que ce soit, vous étiez coupable d’offense envers Dieu. Remettre en cause le leader c’était un suicide spirituel, ce qui était considéré comme pire que la mort. » 

(Source : insider.com, 18.10.2022)

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  • Auteur : Unadfi