
En Espagne, un chercheur spécialisé dans les sectes a été interpellé par des adeptes de Sahaja Yoga, un mouvement d’origine hindoue. Derrière un discours séduisant pour les chrétiens, le groupe développe une théologie syncrétique qui mêle Jésus à des divinités hindoues et brouille les repères spirituels. La fondatrice Nirmala Devi se prétend supérieure à Jésus.
Luis Santamaría, expert en sectes, raconte une expérience troublante vécue après une messe funéraire dans sa ville en Espagne. Deux femmes, membres de Sahaja Yoga, l’ont abordé pour lui reprocher d’avoir qualifié leur mouvement de « secte » dans un article publié en 2022. Très rapidement, la conversation s’est transformée en une tentative de justification doctrinale : elles affirmaient connaître « le vrai Jésus », tout en rejetant l’Église catholique comme « une institution mensongère ».
Fondé dans les années 1970 par Shri Mataji Nirmala Devi (1923-2011), Sahaja Yoga est un mouvement d’origine hindoue qui se présente comme une voie d’éveil spirituel par la méditation et l’activation de l’énergie Kundalini. Si le groupe fait souvent référence à Jésus dans ses discours et ses publications, il le considère comme une incarnation spirituelle subordonnée à sa fondatrice, qu’il vénère comme une divinité suprême.
Cette assimilation du Christ aux figures majeures de l’hindouisme permet à Sahaja Yoga d’attirer des fidèles chrétiens en Occident. Le mouvement célèbre Noël et Pâques, cite le Nouveau Testament et reconnaît Jésus comme « Fils de Dieu », tout en le présentant sous des appellations étrangères à la théologie chrétienne : « Seigneur de l’Agnya chakra », « le dieu du yoga » ou encore « le fils bien-aimé de Shri Adi Shakti Mataji Shri Nirmala Devi ».
Une stratégie de séduction basée sur la confusion
Cette appropriation de la figure du Christ ne relève pas d’une simple admiration, mais d’une stratégie bien rodée : en reprenant des éléments du christianisme et en les intégrant dans un cadre doctrinal hindouiste, Sahaja Yoga brouille les repères spirituels des personnes en quête de réponses. Loin d’être une cohabitation pacifique des croyances, ce syncrétisme vise à détourner les adeptes du christianisme institutionnel pour les amener à vénérer Nirmala Devi.
Les anciens membres et les spécialistes des sectes alertent sur les effets psychologiques délétères du mouvement. La fondatrice elle-même exigeait une soumission totale à sa personne : « Vous devez vous consacrer totalement à moi, laisser tout derrière vous, vous unir à moi sans conditions et sans discussion » disait-elle.
Une influence qui s’étend en Espagne, en France et au Canada
Malgré les critiques, Sahaja Yoga continue de se développer dans plusieurs pays, notamment en Espagne, en France et au Canada, en ciblant des personnes attirées par la spiritualité et insatisfaites des institutions religieuses traditionnelles. En se présentant comme une alternative « authentique » au christianisme, le mouvement réussit à séduire de nouveaux adeptes, y compris parmi les chrétiens pratiquants.
Pour Luis Santamaría, ce phénomène illustre une tendance plus large : « Sahaja Yoga exploite la fascination occidentale pour l’Orient et la soif de renouveau spirituel en récupérant des figures familiales comme Jésus pour asseoir son autorité. Ce n’est pas un simple mélange religieux, mais une véritable manipulation ».
(Source : PortaLuz, 21.03.2025)
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