Un professeur de yoga abuseur

Le quotidien québécois, La Presse, a enquêté sur l’Ostéoyoga Montréal et Patrick Salibi, son fondateur. Selon des témoignages d’anciens clients de son école de yoga, il se serait servi de sa position et de sa structure pour abuser d’adeptes.

En plus d’être professeur de yoga, Patrick Salibi s’est autoproclamé guérisseur. Ses formations ont attiré de nombreuses personnes, essentiellement des femmes. Le nom de son école Osteoyoga Montréal vient de sa méthode de yoga censée permettre de devenir son propre ostéopathe. Sur l’un de ses sites internet, le leader se présente comme « un génie refoulé » qui doit « gouverner l’humanité » qui, sans lui, serait « ennuyeuse et vide ». En outre, sur son profil Instagram, il n’hésitait pas à se proclamer champion mondial de l’utérus…

A la fin du mois de janvier 2019, quatre femmes ont créé une page Facebook pour dénoncer les abus de Patrick Salibi qu’elles décrivent comme un être dangereux aux propos haineux et homophobes. Cette page a permis à d’autres personnes victimes de témoigner de leur expérience avec le professeur.

La Presse a pu interroger une trentaine de ses victimes. Certaines ont abandonné leur emploi, leur situation familiale et vendu leurs biens pour vivre aux côtés du gourou et travailler pour son compte gratuitement : elles traduisaient son livre, géraient ses sites internet, assuraient le fonctionnement de son école, recrutaient des élèves ou encore cuisinaient pour lui et ses invités. Dans leurs témoignages, les ex-adeptes disent avoir été exploités, violentés, humiliés et abusés sexuellement. Un témoin affirme avoir été renvoyé d’une formation annuelle après avoir refusé de procéder au lavement du colon quotidien souhaité par Patrick Salibi. En effet, les membres participants aux formations devaient signer un contrat qui donne au gourou le droit de les expulser s’ils ne transforment pas assez leur vie. Bien entendu le gourou garde l’ensemble des paiements effectués. Certaines obligations sont stipulées dans le contrat : régime végétalien, ni café ni alcool, interdiction de toute autre pratique spirituelle ou autre mode de guérison que ceux que prônait Patrick Salibi.

En plus des témoignages, La Presse a pu se procurer des brochures sur les formations dispensées par l’école de yoga. Le premier principe énonce que la femme doit être un « réceptacle » et qu’elle doit « écouter », « se laisser pénétrer », « sans contrôler ». Lors des cours dispensés par le leader, les fidèles entraient dans une sorte de transe et ceux qui n’accédaient pas à cet état, devaient acheter le livre du gourou et participer à plus de conférences et séminaires aux coûts exorbitants.
Depuis début février 2019, Patrick Salibi a disparu. Ses sites internet, blogs, vidéos et comptes sur les réseaux sociaux ne sont plus en ligne.

En 2017, le Collège des médecins avait reçu des plaintes de cinq ex-adeptes. Pour l’instant le Collège n’a pas indiqué s’il allait faire une enquête. Pour sa part, la fédération francophone de yoga, Swani Sai Shivanda a radié l’école de Patrick Salibi l’accusant de pratiques sectaires.

(Source : La Presse, 09.04.2019)