Un monastère schismatique devenu une secte ? 

Une religieuse clarisse a quitté son monastère de Belorado, en Espagne. Elle affirme qu’elle ne voulait pas devenir membre d’une secte, après que sa communauté a déclaré qu’elle quittait l’Église catholique et se plaçait sous la juridiction d’un évêque autoproclamé sédévacantiste.

Sœur María Amparo a 81 ans. Elle est religieuse depuis plus de 60 ans, dont 20 passés à Belorado. Elle a quitté la communauté trois jours après que sa supérieure, Sœur Isabel de la Trinidad, a rendu publique la déclaration de schisme de la communauté. Sœur María Amparo a été accueillie dans un autre couvent et a évité de parler à la presse, mais elle s’est exprimée dans le journal local Diario de Burgos. Dans une interview, elle affirme que la décision de schisme, présentée comme unanime, a été prise sans consultation. Lors d’une réunion dans la chapelle, Pablo de Rojas aurait informé les religieuses qu’il était désormais leur supérieur. María Amparo a contesté cette autorité, défendant son obéissance à l’Église catholique et au pape François. Pablo de Rojas prétend avoir été ordonné prêtre et évêque par un ancien jésuite allemand qui a lui-même été ordonné dans l’Église palmarienne, une autre communauté schismatique espagnole à laquelle ni l’un ni l’autre ne sont actuellement affiliés. Dans une vidéo, Pablo de Rojas est vu présidant à l’autel, assisté de José Ramón, tandis que les religieuses chantent en latin. La description de la vidéo est suivie de coordonnées bancaires pour les dons.

La religieuse affirme qu’elle a refusé d’assister aux offices dans l’église pendant les trois jours suivants, décrivant Pablo de Rojas et son « prêtre », José (un barman qui prétend maintenant être un porte-parole de la communauté) comme des figures « risibles ». Elle dit aussi « avoir été surveillée pour ne pas parler aux religieuses plus âgées ». Luis Santamaría del Río, un expert espagnol des sectes d’origine chrétienne, estime que « ces religieuses plus âgées, dont certaines sont légèrement déficientes, sont victimes de manipulation ».

Il semble qu’il y ait par ailleurs un litige immobilier. La supérieure du monastère de Belorado a accusé Rome d’avoir bloqué la vente d’un couvent vide qui, selon elle, était nécessaire pour que les religieuses puissent rembourser des dettes contractées lors de l’achat d’un autre monastère.

Dix sœurs expulsées du couvent

Selon le vicaire pour la vie consacrée dans le diocèse de Vitoria, toute cette crise aurait été déclenchée par « le désir de la supérieure de rester en poste alors qu’elle arrive à la fin de son troisième mandat et que, selon le droit canonique, elle ne peut être réélue ». Il ajoute que « l’évêque de Burgos n’a jamais empêché la vente de leur propriété et qu’elle a dit beaucoup de mensonges aux religieuses pour mettre en lumière un homme dont personne n’avait entendu parler auparavant ». L’archevêque de Burgos a, pour sa part, exprimé sa « profonde inquiétude » déplorant « toute la situation ». Il dit avoir essayé d’établir un dialogue avec les religieuses, espérant qu’une rencontre en face-à-face puisse l’éclairer sur la réalité de ce qu’elles vivent ». Mais les choses se sont accélérées ce mois de juin. Excommuniées, les dix religieuses ont été priées de quitter « le couvent où elles se trouvent, leur présence n’y étant désormais plus légitime ». Et Mgr Iceta a averti : « si un départ volontaire n’intervient pas rapidement, nous n’aurons d’autre choix que d’engager les actions judiciaires qui s’imposent ». 

(Sources : The Pillar, 24.05.2024 & Le Matin , 23.06.2024)

  • Auteur : Unadfi