L’enquête sur la secte MISA a permis de mettre la main sur plus de 300.000 € en liquide. Ce magot pourrait provenir de l’exploitation sexuelle des adeptes à Berre-les-Alpes.
Le gourou, recherché par Interpol, se cachait à Paris. Mais c’est peut-être bien depuis les hauteurs de Nice que le Mouvement pour l’intégration spirituelle vers l’absolu (MISA) gérait ses activités lucratives. Entièrement dévouée au culte de son fondateur roumain, Gregorian Bivolaru, alias Magnus Aurolsson, cette secte est au cœur d’une vaste enquête pour « abus de faiblesse, traite d’êtres humains en bande organisée, enlèvement, séquestration et viols ». Fin novembre 2023, 41 personnes ont été interpellées dans la région parisienne et dans les Alpes-Maritimes. Quinze ont été mises en examen. Le gourou et cinq autres membres actifs ont été écroués. Ce coup de filet avait mobilisé 175 policiers.
Les investigations ont conduit les enquêteurs dans divers ashrams, dont une résidence à Berre-les-Alpes, domicile de Sorin Turc, un violoniste professionnel de l’orchestre philharmonique de Monaco suspecté d’être le bras droit de Bivolaru. Une vingtaine d’hommes, pour la plupart originaires des pays de l’Est et employés sur des chantiers, y étaient logés gratuitement dans de minuscules cellules individuelles « en échange de travaux ». La secte trouvait sans doute une de ses sources de revenus dans cette main-d’œuvre non déclarée. Mais cela ne suffit pas à expliquer le petit pactole retrouvé dans les divers ashrams. Chez Sorin Turc, à Berre-les-Alpes, les enquêteurs ont mis la main sur 66 410 € en espèces mais aussi sur trois lingots d’argent et 56 feuilles d’or. Les investigations ont également permis d’établir que le violoniste azuréen effectuait très régulièrement des dépôts de cash sur ses comptes. De l’ordre de 2 000 € par mois que le bras droit présumé du gourou aurait justifié par « des remboursements de ses associés ». Via la SCI Paradis, Sorin Turc est copropriétaire du pavillon à Villiers-sur-Marne où séjournaient jusqu’à soixante femmes, « conditionnées psychologiquement avant d’être livrées à l’appétit sexuel du maître » révèle l’enquête. Les policiers y ont retrouvé plus de 12 000 € en liquide et toute une comptabilité. Le gros du magot (210 000 € en cash, des couronnes danoises et des livres sterling), lui, se cachait dans un appartement de Vitry-sur-Seine.
Au-delà de l’enseignement du yoga tantrique, ce groupe est suspecté de détenir en sous-main un bar à strip-tease en Roumanie, des salons de massage à travers toute l’Europe et même sa propre chaîne pornographique sur Internet. Un studio de tchat érotique aurait ainsi été mis au jour dans les sous-sols de la villa de Berre-les-Alpes.
(Source : Nice Matin, 26.07.2024)
A lire sur le site de l’Unadfi : Que sait-on ? Mouvement pour l’Intégration Spirituelle dans l’Absolu (MISA) : https://www.unadfi.org/wp-content/uploads/2024/04/Mouvement-pour-lIntegration-Spirituelle-dans-lAbsolu-MISA-Que-sait-on-de.pdf