Un journaliste chez Charisma

Un journaliste du mensuel Neon a pu assister à un culte au sein de l’église Charisma1. Cette église pentecôtiste, non reconnue par le Conseil national des évangéliques de France (CNEF), se prétend la plus grande église de France et revendique plus de 14 000 fidèles. La Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) a reçu de nombreux signalements sur l’organisation.


Le culte se déroule dans un hangar du Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis). L’organisation est rodée : les bénévoles accueillent les fidèles à la gare et des bus les véhiculent jusqu’au lieu de rassemblement, un hangar équipé d’un matériel audio et vidéo dernier cri attestant la puissance financière du groupe.

Un grand nombre d’intervenants se succèdent sur scène dont Natalie Pedro, femme de Nuno Pedro dirigeant de Charisma. Elle est directrice de l’école biblique du mouvement. Elle promeut et vend les diverses formations dispensées par le mouvement. Les cours coûtent 70 euros par mois et sont dispensés pendant plusieurs après-midi en pleine semaine. L’adepte doit pouvoir dégager du temps libre pour se consacrer à l’organisation. Un pasteur vient annoncer l’heure de la dîme et des offrandes, les bénévoles font alors passer parmi les fidèles des urnes servant à recueillir les dons. La tradition souhaite que le fidèle y dépose 10% de ses revenus. Entre dons, cours et diverses activités proposés par l’église, les fidèles sont incités à des dépenses toujours plus importantes. Le journaliste constate que lors du culte il a été très souvent poussé à participer financièrement à l’organisation et cela a continué après le rassemblement grâce aux informations laissées sur le formulaire d’inscription.

Puis arrive sur scène, Nuno Pedro, fondateur de l’église. Il voit dans l’élection de Jair Bolsonaro2 le point de bascule du monde perverti vers un monde sur la voie de la rédemption. Il glorifie le nouveau président brésilien ainsi que Donald Trump et assène qu’Emmanuel Macron serait « l’Antéchrist à la tête d’un royaume totalitaire ». Il critique les médias qui travailleraient contre Dieu et les gilets jaunes puis il reproche aux scientifiques leur catastrophisme, qu’il juge infondé, prétendant ne pas ressentir le réchauffement climatique. Il fait l’éloge de la théologie de la prospérité. Pour le pasteur, la richesse est une bénédiction et la pauvreté une malédiction. Son discours est ouvertement anti-pauvres : « Plus les gens sont pauvres, plus ils sont vaniteux orgueilleux ». Le pasteur utilise des extraits du Nouveau testament pour justifier son discours ultra-libéral. Selon lui, la place de la femme doit être à la maison. Il pense que les femmes sont « naturellement moches » sauf celles présentes lors du culte car elles sont exposées à l’Evangile. Il tient tout de même à rappeler toutes les actions mises en oeuvre par l’organisation pour venir en aide aux fidèles.

Les adeptes du mouvement tentent de convertir leurs proches et les encouragent à venir suivre un prêche du pasteur Nuno Pedro. Pourtant, sur les réseaux sociaux de nombreux témoignages alertent sur les méthodes et les dérives de l’église et de son dirigeant.

Pour le journaliste de Neon, le discours du pasteur permet aux personnes qui se posent des questions de trouver des réponses toutes faites.

(Source : Neon, 12/12/2018)

1. Lire sur le site de l’UNADFI, « Charisma fait dans la démesure » : https://www.unadfi.org/groupes-et-mouvances/charisma-fait-dans-la-demesure/

2. Lire sur le site de l’UNADFI, EURD, un allié du pouvoir : https://www.unadfi.org/groupes-et-mouvances/eurd-un-allie-du-pouvoir/

Lire aussi :

– Charisma, les mystères d’une mégaéglise : https://www.unadfi.org/groupes-et-mouvances/charisma-les-mysteres-d-une-megaeglise/

– Évangéliques et dérives sectaires : https://www.unadfi.org/groupes-et-mouvances/evangeliques-et-derives-sectaires/