Un reportage tourné en camera caché par BFMTV a révélé que l’association évangélique Torrents de vie continue l’exercice illégale des thérapies de conversion. A la suite de ces choquantes révélations, deux ministres sont montées au créneau afin d’exiger la mise en place d’une enquête sur le groupe.
Une journaliste de BFMTV a infiltré durant une semaine un séminaire de Torrent de vie dans le sud de la France et a permis de montrer la continuité des pratiques homophobes et illégales par le groupe. Plus de 25 personnes étaient présentes. La journaliste a avancé être une étudiante qui se questionne sur son attirance pour les femmes. Elle a alors été traité comme une déviante qui devait « guérir ». Elle a subi un grand nombre de sessions et prières afin d’annihiler son attirance pour les femmes, pour qu’elle « renonce au feu du désir » qu’elle restaure « l’identité relationnelle et sexuelle » et pour la « délivrer des ténèbres de l’homosexualité ». Le groupe semble donc continuer l’exercice de pratiques illégales sans leur donner le nom de thérapies de conversion.
Pour rappel, depuis janvier 2022 une loi interdit les thérapies de conversion. Leur organisation et tenue est passible de deux ans d’emprisonnement et 30 000 euros d’amende. La loi semble avoir permis l’identification de ce phénomène mais ne semble pas pour autant l’avoir fait disparaitre.
A la suite de la diffusion de ce documentaire les réactions gouvernementales ne se sont pas fait attendre. Bérangère Couillard, ministre à l’Egalité femmes-hommes et à la lutte contre la discrimination a engagé une procédure de saisine du Procureur de la République via la Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT (Dilcrah). Dans un interview, elle a annoncé être potentiellement favorable à la dissolution de Torrents de vie. De son côté, Sonia Backès, ex-secrétaire d’Etat chargée de la citoyenneté a demandé à la Miviludes « d’étudier toutes les voies d’action possibles pour sanctionner l’association et ses responsables ». La Miviludes a déjà épinglé à plusieurs reprises le groupe pour ces thérapies de conversion.
Le gouvernement n’est pas le seul à avoir réagi à ce reportage. Du côté des associations la stupeur est de mise de voir ce genre de pratiques continuées alors qu’elles sont interdites. Joel Deumier, co-président de SOS Homophobie souhaite que le groupe soit jugée et que la loi soit appliquée pour la première fois. Il poursuit en admettant qu’une condamnation du groupe serait un signe fort envoyé aux victimes. Pour que le groupe puisse être jugée il rappelle qu’il faut que des victimes témoignent et portent plainte. Dans ces situations d’emprise, une certaine honte et l’impression d’être le problème rend l’action en justice difficile pour les victimes.
(Sources : Libération, 30.08.2023 & Le Parisien, 31.08.2023 & Ouest France, 31.08.2023 & Télérama, 31.08.2023 & NeonMag, 01.09.2023)