Une étude, menée, par les sociologues Stephen Kent et Susan Raine, à partir de l’analyse de documents sur les abus sexuels commis dans des communautés religieuses ou sectaires, révèle que les abus en contexte religieux seraient conditionnés par un schéma récurrent.
Selon les deux chercheurs la façon d’opérer des agresseurs en milieu religieux « diffère souvent des formes de manipulation dans les milieux laïques ». Ils « utilisent la confiance, la foi et l’autorité pour préparer les victimes et garder le secret sur leurs abus ». Sans le secret institutionnel et la protection généralisée de ceux qui abusent, rien ne serait possible
A partir de l’étude de plusieurs mouvements religieux issus du christianisme et de groupes sectaires (Enfants de Dieu, Davidiens, FLDS…), les deux chercheurs ont montré « comment certaines institutions religieuses et leurs dirigeants peuvent lentement élever les enfants » pour les amener à accepter « des activités sexuelles nuisibles et illégales ». Selon Susan Raine, « un prédateur peut passer des semaines, des mois, voire des années à préparer un enfant afin d’en abuser sexuellement ».
La préparation des enfants se déroule dans un contexte de fois incontestée. La relation entre l’adulte ayant autorité religieuse et l’enfant commence souvent par des contacts non sexuels qui évoluent progressivement vers des rapports de nature sexuelle, dont l’enfant n’est pas en mesure de comprendre la dimension abusive et inappropriée.
D’après Kent et Raine, les prédateurs préparent non seulement les enfants, mais l’ensemble de la communauté pour créer un environnement propice aux abus.
« Les abuseurs, explique Raine, s’appuient non seulement sur leur position de pouvoir et d’autorité en tant qu’adultes, mais aussi sur des affirmations concernant la volonté de Dieu, l’autorité ultime incontestable pour les adeptes de la religion – et une figure qui peut inspirer autant de peur que de respect et d’amour. »
Elle ajoute que « le dévouement au groupe façonne l’identité sociale si bien que lorsque des abus sont révélés, les individus les plus pieux, y compris les parents de l’enfant abusé, ont tendance à accorder leur confiance à la figure représentant l’autorité, plus crédible à leurs yeux que la victime. »
(Source : Folio, 05.08.2020)