La communauté Ogyen Kunzang Choling a été créée par Robert Spatz dans les années soixantedix. Elle séduit les couples et les familles à la recherche d’une vie spirituelle inspirée par la sagesse bouddhiste et par la nature.
Cet enracinement dans la pensée bouddhiste et sa prétendue reconnaissance par de grandes lignées tibétaines est un masque pour les activités de Robert Spatz et l’ont rendu convainquant. Dans les faits, il enseigne des concepts réinventés comme l’approche imminente de la fin du monde par le feu. Il en introduit de nouveaux comme le Karmayoga, offrande de son travail à son lama et le Vafrayga, pratique d’arts martiaux pour atteindre l’éveil. Il diabolise le monde extérieur et exige de ses disciples une inconditionnelle obéissance. Mais ce qu’il parvient surtout à faire, c’est convaincre les parents de se séparer de leurs enfants. Robert Spatz considère les parents comme malsains en termes de schémas mentaux et émotionnels. En prêchant une interprétation pernicieuse de la notion asiatique de « détachement », il prétend protéger les enfants du « poison » parental et vouloir créer une élite promise à l’éveil à l’issue d’un parcours éducatif établi.
Dès l’âge de cinq ans, les enfants sont pris en charge au monastère de la communauté, le Château de Soleils situé à Castellane dans le sud de la France.
Les moments de jeu donnent l’illusion qu’ils sont heureux. En réalité, entre les heures de prières, les 108 prosternations, les cours et les corvées agricoles quotidiens, les jeûnes, les confessions publiques, voire l’enfermement dans des cellules de ressourcement, les enfants vivaient un véritable calvaire. L’encadrement n’était pas suffisant, certains parlent de blessures mal soignées. Le gourou est le personnage central de leur éducation. Même lorsqu’il n’est pas là, sa présence est marquée par ses photos affichées dans toutes les pièces du Château de Soleils et par sa parole relayée constamment par les instructeurs.
À partir de 1993, les adolescents quittent Castellane et sont envoyés vers le monastère de Mu au Portugal. Les jeunes y vivent mal encadrés et sont livrés à eux-mêmes. Ils baignent dans la peur de la fin du monde et dans l’idée qu’il faut s’entraîner pour se défendre le moment venu, devenir des guerriers de l’apocalypse. Spatz les rejoint de temps à autres. Des orgies d’alcool sont organisées. À l’insu de tous, il y aurait également commis des abus sexuels.
Entre 1980 et 2000, soixante-dix mineurs vivront ainsi en quasi autarcie. De cette mise à l’écart de la société, ils gardent des traumatismes profonds. Ils se sont sentis délaissés par leurs parents, tous ayant fait allégeance à leur gourou mystique adoré et ne réalisant pas à quel point leurs vies leur sont dictées. Loin de leurs enfants, ils doivent travailler sans être déclarés ni payés, dans les restaurants végétariens d’OKC ou à son siège de Bruxelles, où vit Robert Spatz. Par ses méthodes sectaires, Spatz a creusé un abîme entre deux générations. La plus ancienne sur le banc des accusés, la plus jeune, proie d’un « pervers narcissique pédophile » qui attend depuis de trop nombreuses années que son statut de victime lui soit enfin r econnu.
1- Lire sur le site de l’UNADFI, Le juge rejette la comparution en vidéo conférence : https://www.unadfi.org/groupe-et-mouvance/lejuge-rejette-la-comparution-en-vidéo-conférence
(Sources : Le Soir, 16.12.2015 & La Dernière Heure, 03.01.2015 & RTBF.be, 04.01.2016 & Le Soir, 06.01.2016)