Que sait-on de ? La Communauté de Riaumont

La communauté de Riaumont, fondée en 1958 par le père Albert Revet, est très proche du courant lefebvriste relevant comme lui de la commission pontificale Ecclesia Dei1 et ne rend de comptes qu’au Vatican.

Situé à Liévin dans le Pas-de-Calais, le lieu abrite à la fois une communauté monastique de spiritualité bénédictine et un village d’enfants comprenant un internat, une école hors contrat, une association et un mémorial scouts.

Enclave d’un autre âge, le lieu à toutes les apparences d’une citadelle néo-médiévale qui s’accorde bien avec l’idéal chevaleresque chrétien que le fondateur souhaite inculquer à de jeunes garçons difficiles à « remettre dans le rang ». D’abord foyer d’accueil pour des enfants placés par la Protection judiciaire de la jeunesse, il bénéficiait d’un agrément de la direction départementale des Affaires sanitaires et sociales (DDASS). En 1979, à la suite d’un signalement de maltraitances sur enfant, les placements cessent et en 1982, la communauté perd son agrément et les subsides versés par l’État. La même année, elle devient une école privée hors contrat qui reçoit désormais, selon Charline Delporte, de jeunes garçons « confiés par des familles majoritairement issues de la grande bourgeoisie d’extrême-droite ».

En 1998, la communauté intente un procès contre l’État devant le tribunal administratif de Lille et gagne, mais ne se voit pas pour autant confier à nouveau des enfants par les services sociaux. Depuis qu’il n’est plus financé par l’État, l’établissement vit de dons et de la pension mensuelle de 300 euros versée pour chaque enfant.

Une vingtaine d’enfants, pour à peu près autant d’encadrants, sont scolarisés dans l’école. L’enseignement repose sur des cours par correspondance, adaptés aux principes moraux de l’établissement. Selon Julien, un ancien élève, les pages concernant l’éducation sexuelle sont retirées des manuels de Science et Vie de la Terre et « l’accent est mis sur la maternité, avec une tonalité « pro-vie ». L’école propose des formations aux CAP d’aménagement paysager, de menuiserie et de maçonnerie. Mais d’après Julien « c’est pour construire leur église, ils ont comme cela une main d’oeuvre gratuite ».

Il y règne une discipline de fer et une ambiance paramilitaire. Les téléphones portables, la télévision, le port de jeans sont interdits. L’uniforme inspiré des scouts comprend une chemise et un short, été comme hiver. Les punitions ne sont pas rares, et selon un article paru dans Charlie Hebdo en 2001, « tout déplacement dans le centre se fait en petite foulée », « chaque minute de retard est minutieusement relevée sur un carnet et soustraite, selon une comptabilité très précise, aux heures de liberté de la sortie mensuelle ». Un ancien élève ajoute, « quand on récite mal sa prière, on file dehors se rafraîchir les idées, au pas de course et torse nu ,été comme hiver ».

(Sources : Libération 16.01.2019, L’Express, 16.01.19, Le Monde, 17.01.2019, France 3 Hauts de France, 18.01.2019, Libération, 28.06.2018 & Charlie Hebdo, 18.07.2001)

1. Structure créée en 1988 par le pape Jean-Paul II à la suite du sacre d’évêques par la Fraternité Sacerdotale St Pie X. Elle veille à l’organisation des communautés catholiques traditionalistes dans le monde qui reconnaissent l’autorité du pape tout en conservant leurs traditions spirituelles et liturgiques. Cette structure vient d’être supprimée.

Lire sur le site de l’Unadfi, Enquête sur une communauté traditionnaliste : https://www.unadfi.org/groupes-et-mouvances/enquete-sur-une-communaute-traditionnaliste/