Le siège de Waco1, en 1993, ayant entraîné la mort de l’ensemble des adeptes (Davidiens) guidés par leur chef David Koresh, est l’une des manifestations les plus dramatiques et les plus criminelles de l’histoire des mouvements sectaires. Ce drame illustre ce qui peut se produire lorsqu’une personnalité charismatique dangereuse prend le contrôle d’un groupe et le convertit à une idéologie extrême.
Quelle que soit sa taille, la secte n’est souvent que le reflet de la personnalité de son leader. La psychologie d’individus tels que Koresh et les mécanismes qui ont amené des milliers d’adeptes à le suivre fascinent les sociologues et les psychologues depuis de nombreuses années. Bien que leur profil psychologique n’ait jamais pu être directement déterminé, l’étude de leurs écrits et les témoignages des victimes ont fourni des portraits souvent intéressants et parfois effrayants.
Ces leaders ont un certain nombre de caractéristiques psychologiques communes. La première caractéristique est le refus de la critique. D’après Joe Navarro, ancien agent du FBI et expert en comportement, « eux vont bien, c’est le reste du monde qui a un problème ».
Ils présentent également les caractéristiques typiques d’un trouble de la personnalité narcissique. Ils sont convaincus d’être uniques et au-dessus de tout le monde. De fait, ils estiment mériter les privilèges qu’ils s’octroient. David Koresh pensait ainsi qu’il était le seul autorisé à avoir des relations sexuelles avec les filles du groupe, y compris les mineures (la plus jeune était âgée de 11 ans). Les autres hommes ne pouvaient avoir de contact avec elles, même pas avec leurs propres épouses. Les leaders sectaires ont un fort besoin d’être admirés. Ils existent dans la mesure où ils sont entourés et adulés. Ils construisent ainsi leur identité sur l’admiration et la crainte des membres.
Ils peuvent également présenter des formes de psychopathie. A la fois charismatiques et autoritaires, ils possèdent un « charme prédateur ». Le Dr Alexandra Stein, spécialiste en psychologie sociale de l’extrémisme idéologique et elle-même ancien membre des Davidiens, explique que le « leader a un certain degré d’intelligence lui permettant d’attirer les gens à lui. Il cerne habilement ses victimes pour mieux les contrôler ». Une fois ses victimes endoctrinées, elles sont isolées de tout ce qui constituait leur vie antérieure au groupe. La violence physique n’est pas forcément nécessaire pour exercer un contrôle sur les adeptes. Du charme prédateur, le leader passe aux méthodes coercitives pour asseoir son autorité.
Le culte du secret, l’isolement et le mensonge sont exercés à tous les niveaux hiérarchiques de l’organisation. Alors qu’elle n’a jamais rencontré Koresh, Alexandra Stein a été piégée par son influence destructrice ; son autoritarisme et son contrôle s’exerçaient à travers les adeptes.
Pour elle, on peut parler de secte dès que l’on a affaire à une structure très fermée où l’isolement est de mise, lorsque l’idéologie est présentée comme la seule réponse à toutes les questions existentielles.
Alexandra Stein évoque également le processus de « lavage de cerveau », ou « persuasion coercitive », comme élément caractérisant une secte. À l’issue de ce processus, le disciple est très dépendant du groupe et peut être exploité. Il agit toujours dans l’intérêt du groupe, jamais dans le sien.
(Source : International Business Times, Léa Suruque, 19.04.2016)
1- Lire sur le site de l’UNADFI, Les Davidians (Branch Davidians, Waco) : https://www.unadfi.org/groupe-et-mouvance/davidians