Le tribunal correctionnel de Poitiers a requis respectivement cinq et trois ans de prison contre Christian Ruhaut et sa femme pour des faits d’abus de faiblesse et de blanchiment d’argent. Le procès a été l’occasion pour la justice d’examiner le fonctionnement du groupe réuni autour du couple et l’emprise qu’il a pu exercer.
Cette affaire a débuté suite à la plainte d’une adepte qui dénonce les agissements de son professeur de yoga. Au début des années 2000, elle et plusieurs membres du groupe s’installent en Charente-Maritime et dans la Vienne dans des demeures qu’ils viennent d’acquérir. Les maisons devaient servir à organiser des cours de yoga et des stages de développement personnel. La plaignante et d’autres fidèles rédigent alors une lettre d’engagement à l’intention de leur professeur de yoga Christian Ruhaut. En 2010, l’adepte commet une tentative de suicide, à cause de l’ambiance du groupe, qui aura pour conséquences sa mise à l’écart de la communauté pour un temps, l’interdiction de se rendre au domicile de Christian Ruhaut et l’interdiction de prononcer son nom.
En 2012, elle fuit le groupe et dénonce une emprise mentale, des violences psychologiques et physiques répétitives, des punitions et châtiments imposés par le « tribunal » du groupe pour punir les comportements de certains adeptes. Elle a aussi subi des pressions pour céder ses parts sociales de la SCI ainsi que l’argent qu’elle avait investi dans le projet. Argent qui devait servir à monter une structure de yoga et de développement personnel. Cependant durant ces nombreuses années cela ne s’est jamais concrétisé. Elle raconte aussi l’organisation d’ateliers sexuels filmés et envoyés au gourou du groupe. Elle avoue un épuisement physique et psychique qui durant de nombreuses années ne lui a pas permis de bénéficier d’un espace de réflexion suffisant pour comprendre l’emprise qu’elle subissait.
Dans cette affaire, une autre femme a aussi porté plainte pour des faits similaires. De son côté le gourou et sa femme ont pu compter sur le soutien de six membres du groupe venus témoigner en leur faveur. Ils nient toute forme d’emprise et l’idée de sanctions au sein du groupe, parlant de « décisions collectives ».
Durant l’enquête, les autorités ont perquisitionné la maison de Christian Ruhaut et ont pu y trouver de l’argent liquide ainsi que des centaines de vidéos à caractère sexuel dans lesquelles les membres du groupe tentaient des expériences. Pour la défense cela ne révèle en aucun cas une situation d’emprise mais une affaire entre adultes consentants. Du côté des parties civiles, on juge que cette emprise est très insidieuse et pouvait laisser croire aux adeptes qu’ils avaient choisi ce qu’ils subissaient.
Le jugement sera rendu le 20 mai 2021.
(Sources : La Nouvelle République, 17.03.2021 & Le Monde, 20.03.2021)
Lire sur le site de l’Unadfi à propos de cette affaire :
Un couple incarcéré pour dérives sectaires : https://www.unadfi.org/groupes-et-mouvances/un-couple-incarcere-pour-derives-sectaires/
Le couple remis en liberté : https://www.unadfi.org/domaines-dinfiltration/sante-et-bien-etre/pratiques-hygienistes-et-traditionnelles/le-couple-remis-en-liberte/