Le procès du chef de l’Église internationale de Bonne Nouvelle s’est ouvert ce 8 juillet. Pasteur autoproclamé, l’ancien chauffeur de taxi est jugé pour « terrorisme », après la mort de plus de 400 adeptes dans ce qui a été baptisé « le massacre de Shakahola ».
Paul Nthenga Mackenzie doit répondre, aux côtés de 94 coaccusés, de « terrorisme », « assassinat » de 191 enfants (dont trois nourrissons), « homicide involontaire », « torture » et « cruauté » sur enfants. Les audiences devraient durer jusqu’au 25 juillet, selon les médias locaux.
Le pasteur autoproclamé est accusé d’avoir incité ses adeptes à jeûner jusqu’à mourir de faim pour « rencontrer Jésus avant la fin du monde ». Ces décès se sont étalés sur plusieurs années. Un véritable massacre mis au jour en 2023 quand les restes de plus de 440 personnes ont été exhumés dans la forêt de Shakahola. Tous les accusés avaient chacun plaidé non coupable des accusations de « terrorisme » au cours d’une audience en janvier.
Paul Nthenga Mackenzie est né dans une famille de dix enfants, dans les années 70, sa date de naissance étant incertaine. Il est aujourd’hui père de sept enfants nés de trois mariages. Le Kényan a exercé comme chauffeur de taxi dans les années 1990 à Malindi. C’est dans cette ville touristique du sud du Kenya qu’il a fondé l’Église Internationale de Bonne Nouvelle (Good News International Church) en 2003. Sur son site il est mentionné que « la mission de ce ministère est de nourrir les fidèles de manière holistique dans tous les domaines de la spiritualité chrétienne alors que nous nous préparons à la seconde venue de Jésus-Christ par l’enseignement et l’évangélisation ».
Paul Mackenzie a été arrêté une première fois en 2017, accusé de « radicalisation » parce qu’il incitait à ne pas scolariser les enfants, affirmant que « l’éducation n’était pas reconnue dans la Bible ». Le prêcheur incitait aussi les femmes enceintes de sa communauté à ne pas consulter de médecin pour accoucher. En 2019, il a fermé son église, expliquant que « Jésus m’a dit que le travail qu’il m’a confié est terminé ».
Début 2021, des centaines de personnes quittent leurs maisons pour venir, avec leur famille, vivre dans la forêt de Shakahola, sur un terrain occupé par le groupe religieux. Paul Mackenzie se radicalise dans ses théories de l’apocalypse, assurant que la fin du monde approche et que son sanctuaire sera épargné. Un « groupe d’hommes de main » était chargé de veiller à ce que les adeptes ne rompent pas le jeûne ou ne s’échappent pas de la forêt. En mars 2023, Mackenzie est arrêté et inculpé après la mort de deux enfants découverts sur son domaine. Mais il est libéré sous caution. Les autorités découvrent le charnier deux mois plus tard.
L’affaire a ému au Kenya et dans le monde entier. Des rapports d’une commission sénatoriale et d’une organisation officielle indépendante de défense des droits humains ont pointé du doigt la police et la justice, accusées d’avoir ignoré les avertissements qui auraient pu éviter ces décès.
(Source : Ouest-France, 09.07.2024)
A lire sur le site de l’Unadfi : Nouveau chef d’inculpation contre Paul Mackenzie : https://www.unadfi.org/actualites/groupes-et-mouvances/nouveau-chef-dinculpation-contre-paul-mackenzie/