Un tribunal kényan a menacé les autorités, ce 9 janvier, de libérer Paul Mackenzie, placé en détention provisoire depuis 117 jours, s’il n’était pas inculpé. La réponse n’a pas traîné : le prédicateur évangélique autoproclamé de l’Eglise internationale de Bonne Nouvelle, accusé du «massacre de Shakahola» est poursuivi pour terrorisme ainsi que 94 autres personnes.
Un tribunal kényan a tapé du poing sur la table : il a averti les procureurs, ce mardi 9 janvier, qu’il libérerait, selon ses propres conditions, le pasteur évangélique et 28 autres personnes de sa communauté soupçonnées d’être derrière la mort de 429 personnes, si elles n’étaient pas inculpées dans les deux semaines à venir. Depuis les arrestations en avril dernier, les procureurs ont régulièrement demandé au tribunal l’autorisation de maintenir en détention Paul Mackenzie et sa garde rapprochée, le temps d’enquêter sur cette affaire qui a choqué les Kényans après la découverte de fosses communes.
Le magistrat principal de Shanzu, Yusuf Shikanda, a noté que les suspects étaient en détention depuis 117 jours depuis la dernière demande de prolongation, ce qui aurait dû suffire à mener à bien les investigations. Le magistrat a souligné que les suspects étaient détenus sans procès depuis plus longtemps que quiconque au Kenya depuis l’adoption de la constitution de 2010 qui interdit la détention sans procès. La défense a soutenu que les droits constitutionnels à la liberté sous caution de Mackenzie et des autres étaient violés puisqu’ils n’avaient pas été inculpés.
95 personnes poursuivies
Ce 15 janvier, les autorités ont finalement annoncé qu’elles avaient suffisamment d’éléments pour inculper Paul Mackenzie « pour terrorisme et meurtres ». 94 autres personnes sont également poursuivies.
L’affaire que l’on appelle le « massacre de Shakahola » a éclaté lorsque la police a sauvé 15 fidèles affaiblis de l’église de Mackenzie, dans le comté de Kilifi, au sud-est du Kenya. Quatre d’entre eux sont décédés après avoir été emmenés à l’hôpital. Les survivants ont déclaré aux enquêteurs que l’ancien chauffeur de taxi, autoproclamé pasteur, leur avait ordonné « de jeûner jusqu’à la mort avant la fin du monde pour qu’ils puissent rencontrer Jésus ». Une fouille de la zone reculée et boisée a permis de mettre au jour 429 corps répartis dans des dizaines de fosses communes. Des autopsies ont révélé des signes de famine, de strangulation ou d’étouffement.
(Sources : ABC News, 09.01.2024 & 20 Minutes, 16.01.2024)
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