Nouveau témoignage accablant

La communauté des Douze Tribus s’est installée en Australie dans les années 1990 et même si elle ne compte qu’une centaine d’adeptes, certains anciens membres témoignent de l’enfer qu’ils ont vécu en son sein, à l’image de Mathias.

L’homme, âgé aujourd’hui de 26 ans, a passé les 18 premières années de sa vie dans la secte, entre violences physiques et violences psychologiques dont il conserve les séquelles huit ans après s’être enfui du groupe. Par chance, quatre de ses cinq frères et soeurs ainsi que sa mère ont également quitté la secte.

Mathias a passé six ans dans une communauté brésilienne avant de déménager dans la succursale de Picton en Australie.

Il affirme avoir été battu avec une fine tige, avoir été contraint de travailler dès son plus jeune âge, avoir reçu une éducation sommaire. Selon lui, les directives du groupe sont très strictes et s’imposent dans tous les aspects de la vie.

Les enfants sont scolarisés à domicile et reçoivent une éducation basée sur un manuel de 300 pages qui leur inculque l’obéissance, la soumission aux adultes, leur interdit les jouets. S’ils désobéissent, ils sont fessés avec une tige de 50 cm. Mathias affirme avoir vu un bébé de huit mois être « corrigé » pour avoir pleuré à table. Il précise que « tout adulte peut exercer une discipline à partir du moment où l’enfant a plus de six mois ».

Il explique que les femmes sont soumises aux hommes, les mariages ne sont possibles qu’au sein du groupe après une supervision des jeunes fiancés par des membres dirigeants. L’utilisation de médicaments est déconseillée, au profit de traitements homéopathiques. Les membres ne votent pas. Les technologies conventionnelles (télévision) et la communication avec le monde extérieur sont interdites.

Mark et Rose Ilich, autrefois membres de la communauté confirment les propos de Mathias. Ils ont été membres durant 13 ans, jusqu’à ce qu’ils soient ostracisés par les autres membres en raison du « mauvais comportement de leur fils ».
L’une des conditions pour intégrer le groupe est de vendre tous ses biens et mettre en commun l’argent ainsi récolté.

Mark Ilich explique que les entreprises du groupe sont prospères. Elles comptent des fermes, un réseau de cafés appelés Yellow Delhi, des boulangeries, des manufactures de meubles… et les employés y travaillent bénévolement. Lui y a travaillé sans compter 15 à 20 heures par jours, sans être payé !

Tout est mis en oeuvre pour contraindre les membres à rester dans la secte. Mark et Rose Ilich expliquent que chaque jour leur était inculquée l’idée selon laquelle le monde extérieur était maléfique et qu’ils devaient être purgés de leurs péchés toute leur vie durant.

Partir du groupe devient alors très difficile tant l’emprise psychologique est forte. Et ce même si les membres sont victimes de mauvais traitements.

Mathias a, lui aussi, souffert des mesures disciplinaires mises en oeuvre dans le groupe. Pour correspondre à l’image de perfection demandée par la secte, il a bridé sa personnalité, à tel point qu’aujourd’hui il souffre de ne pas se sentir lui-même. Même sorti de la secte, l’influence de son éducation au sein du groupe se fait tellement sentir qu’elle entrave sa vie quotidienne. Prendre une décision est un véritable challenge pour lui à qui l’on a appris à ne pas commettre d’erreur. En outre, le fait d’avoir reçu une éducation sommaire a rendu son intégration à la société bien difficile. D’autant plus que le monde extérieur était présenté comme un lieu de perdition pouvant mener tout droit en enfer.
Il est encore fortement marqué psychologiquement par la secte, « les choses qui ont fait mal par le passé ne peuvent être résolues dans le présent, explique-t-il. Je parle de problèmes mentaux et spirituels, ce n’est pas une souffrance que l’argent ou quoique ce soit d’autre peut aider à partir ».

Commentant la situation de Mathias, Rudi Cmcec, psychologue clinicien, explique que « les enfants vivant au sein de communautés préféraient être dans un état de capitulation constant plutôt que de développer des relations avec leurs parents ou leurs pairs ». Il ajoute que « les punitions corporelles prolongées peuvent entraîner de l’anxiété et un détachement à l’âge adulte ».

(Source : Dailymail, 09.09.2019)