Les trois accusés redevenus « présumés innocents »

Rappel des faits (voir article précédent)

Dans la nuit du 2 au 3 janvier 2005, Roger, un adolescent de 15 ans vivait un véritable calvaire dans le lieu de culte de la paroisse Saint-Gabriel de l’Eglise du christianisme céleste (ECC) à Cayenne : attaché sur une croix, bâillonné pendant des heures, flagellé et frappé, l’adolescent est mort par asphyxie.
Le procès des « quatre guérisseurs » s’est déroulé du 23 au 25 juin 2009. Le responsable de l’Eglise du Christianisme Céleste, Maurice Saint-Pierre, a été condamné à douze ans de réclusion, son épouse à sept ans et l’un des adeptes ayant participé à l’exorcisme, Jean-Luc Rosa, à neuf ans. Le quatrième accusé, Alain Lescot, était condamné à trois ans dont deux avec sursis.

Ils obtiennent leur mise en liberté.
Tous ont fait appel du jugement : ils seront donc jugés à nouveau et « restent présumés innocents ». Les trois premiers ont demandé leur mise en liberté et l’ont obtenue, malgré l’opposition de l’avocat général Daniel Depoulon. Selon lui, il existe « des charges lourdes » et des « risques de pression sur les témoins ».
En Guyane, les procès d’assises en appel se déroulent environ un an après le premier jugement.

Ils continuent leurs activités.
Chacun des « présumés innocents » reprendra donc ses activités professionnelles : qui à la municipalité, qui à la vente de fruits et légumes, qui aux fourneaux de la préfecture… Tous pourront même continuer leur « activité » auprès des fidèles de « l’église » dont la dissolution n’a pas été prononcée.

Le procès de juin 2009 a « laissé un goût d’inachevé ». Si Maurice Saint-Pierre « a admis avoir ligoté sur une croix, bâillonné et flagellé le jeune Roger, « il nie que les violences aient provoqué sa mort ». L’enquête, plus l’absence des médecins légistes au procès, « n’ont pas permis d’éclaircir ce point ».

Les avocats espèrent vivement que les médecins assisteront au second procès.

Source : France-Guyane, Pierre-Yves Carlier, 22.07.2009