Les religions traditionnelles perdent du terrain face à l’ésotérisme    France

Dans sa chronique pour Le Monde des religions, le journaliste Marc Bonomelli, spécialiste des nouvelles spiritualités, s’est intéressé à l’évolution de l’ésotérisme et son impact sur la perception des religions traditionnelles. Autrefois considéré comme réservé aux initiés et caché aux profanes, l’ésotérisme connaît aujourd’hui une diffusion massive, tandis que les religions traditionnelles sont souvent perçues comme élitistes.

Les monothéismes, en particulier le catholicisme, insistent sur l’universalité de leur message, se défendant d’être élitistes et incompatibles avec l’ésotérisme. Oui mais voilà, alors que les églises voient leur fréquentation diminuer, les sujets ésotériques comme la magie, l’astrologie ou encore la kabbale gagnent en popularité.

Et le phénomène est amplifié par la fusion de l’ésotérisme avec la psychologie populaire et le développement personnel, le tout facilité par les réseaux sociaux et les influenceurs qui s’en font les porte-paroles auprès d’un public très large. Certains théoriciens pensent même que nous sommes entrés dans une ère de « désoccultation », avec des enseignements ésotériques qui ne sont plus cachés. Au contraire : « Des formations à la kabbale (courant mystique du Moyen Âge autrefois réservé aux juifs de plus de 40 ans) devenues très en vogue à Hollywood ou l’accessibilité accrue du kundalini yoga » illustrent bien cette tendance, souligne Marc Bonomelli qui note que le phénomène n’est pas limité à l’Occident, mais se produit également en Europe de l’Est, en Afrique et en Asie. Les retraites spirituelles et le coaching spirituel, autrefois ésotériques, s’ouvrent désormais à un public plus large, même en dehors des traditions religieuses établies.

Des enseignements plus simples

Comparativement aux enseignements traditionnels, qui exigent souvent des années d’étude, l’attrait pour l’ésotérisme réside dans sa capacité à résonner instantanément avec les individus. Dans la nébuleuse des nouvelles spiritualités, chacun peut devenir chaman ou prêtresse en quelques stages ou quelques clics sur internet. Certains critiquent d’ailleurs cette accessibilité « trop facile », dénonçant le manque de profondeur et d’engagement des nouveaux venus. En réaction à cette démocratisation, une nouvelle vague de néo traditionalistes semble donc émerger. « Parce que dans un contexte de commercialisation croissante, faire partie d’une élite d’initiés fait toujours recette » analyse Marc Bonomelli. Reste que l’essor de l’ésotérisme est incontestable et qu’il pose de vrais défis aux religions traditionnelles. 

(Source : Le Monde, 29.02.2024)

  • Auteur : Unadfi