Les Douze Tribus une nouvelle fois au tribunal pour deux affaires

Jeudi 22 juin le tribunal de Pau s’est penché sur deux affaires impliquant dix parents membres de la communauté des Douze Tribus, dont aucun n’était présent dans le prétoire. Ils étaient poursuivis pour scolarité illégale et « faux et usages de faux dans l’enregistrement de leurs enfants à l’instruction en famille ». Une mère étaient également jugée pour violences sur sa fille.

L’affaire déjà jugée en 2021 l’était à nouveau à la demande des prévenus qui étaient absents lors de leur première condamnation. Cette nouvelle audience s’est encore une fois déroulée en leur absence. S’exprimant à travers la voix de leur avocate ils ont affirmé que « tous les parents d’enfants ne résident plus dans la communauté parce qu’ils sont en infraction avec la législation française ou au moins s’exposent à des poursuites pénales donc ont fait le choix de quitter la France. »

L’enquête qui a débuté en 2014 a donné lieu à une perquisition en 2019 au cours de laquelle ont été mises en évidence les lacunes scolaires des enfants de la communauté. Leur enseignement ne s’appuyait que sur des manuels « maisons » basés sur la Bible, sans références externes au groupe pour être conforme aux croyances des adeptes. Les enquêteurs avaient également relevé d’importantes carences éducatives dans les matières du socle commun et l’impossibilité pour les enfants de « développer une argumentation personnelle ».

Lors de l’audience du 22 juin, Me Patricia Cocrelle, qui défend les victimes, se demandait « comment chiffrer un préjudice pour ces carences éducatives beaucoup plus graves que l’on peut penser ? » « Sans savoir, en étant totalement conditionnés, ils ne pourront pas devenir libres et autonomes » a-elle ajouté. Elle a réclamé 1 000 euros de dommages et intérêts par enfant et 1 500 de plus pour celui qui a été violenté à coups de baguette. Une punition courante dans le groupe d’après trois des prévenus qui avaient défendu, lors de leur garde à vue, la pratique à « vocation pédagogique » – « un acte d’amour » selon eux.

A l’issu de l’audience, le procureur, Richard Pineau, a demandé les mêmes dommages et intérêts que l’avocate et requis six mois de prison avec sursis pour la scolarité illégale et quatre mois de plus pour la mère accusée de violences.

Le tribunal rendra sa décision le 7 septembre. 

(Sources : Sud-Ouest & France Bleue, 22.06.2023)

  • Auteur : Unadfi