Légalisation de l’ayahuasca pour deux groupes religieux

Santé Canada, ministère fédéral chargé d’aider les canadiens à maintenir et améliorer leur santé , a accordé une exemption à deux groupes religieux de Montréal afin qu’ils puissent importer et proposer de l’ayahuasca à leurs membres. Une substance hallucinogène normalement interdite au Canada.

Les deux groupes sont le Centre éclectique de la lumière étincelante universelle (aussi appelé Céu do Montréal) et le Beneficient Spiritist Center Uniao do Vegegal (UDV). Tous deux sont issus du mouvement Santo Daime, un mouvement religieux syncrétique fondé au Brésil dans les années 1930, dont le sacrement principal consiste à consommer de la liane d’ayahuasca et de la chacruna (plante contenant de la Diméthyltryptamine) sous forme de thé afin de rencontrer le divin. Ces plantes sont potentiellement dangereuses si elles sont consommées sans encadrement.

Accordées le 7 juin 2017, ces exemptions sur deux ans renouvelables, sont le fruit d’une longue bataille de plus de 15 ans. En 2000, les douanes canadiennes ont intercepté un envoi de plantes destinées à Céu Do Montréal. La présidente de l’association avait alors demandé une exemption auprès de Santé Canada, demande officiellement rejetée en 2012. Elle s’est alors rapprochée de Jeffrey Bronfman1, héritier d’une riche famille montréalaise qui, fasciné par son expérience avec l’ayahuasca, est devenu membre de Santo Daime, a fondé la branche américaine de l’UDV et est aussi administrateur de la branche de Montréal. En 2004, il avait obtenu de la Cour suprême des États-Unis le droit d’importer les plantes et de les distribuer aux Etats-Unis arguant que l’interdiction violait la liberté de religion des membres de l’UDV.

L’arrivée au pouvoir de Justin Trudeau et ses positions sur la décriminalisation de la drogue leur a permis de réitérer cette demande et de la voir finalement acceptée. Mais cette décision semble être passée inaperçue auprès du public, et le Céu do Montréal se montre discret « pour ne pas risquer de compromettre la poursuite de son exemption » accordée pour deux ans.

(Source : Vice, 11.04.2018)

1. Son grand-oncle Samuel Bronfman a fait fortune avec une compagnie de spiritueux dans les années 20 alors que l’alcool était prohibé. Par ailleurs, Clare Bronfman, l’une des héritières de Samuel Bronfman est au coeur de l’affaire NXIVM accusé d’avoir financé le mouvement de Keithy Raniere (https://www.unadfi.org/groupe-et-mouvance/arrestation-de-keith-raniere)