Décédé en 2019, Jean Vanier est connu pour être le fondateur de la communauté de l’Arche. Cette organisation internationale fondée en 1964 accueille des personnes ayant un handicap mental. Face à plusieurs témoignages d’abus sexuels mettant en cause Jean Vanier, les dirigeants de l’Arche ont décidé de mettre en place une enquête interne. A la fin du mois de février 2020, les dirigeants de l’organisation ont révélé les premiers éléments de cette enquête qui vient accabler le fondateur de l’Arche pour des faits d’agressions sexuels commis entre 1970 et 2005.
Les actuels responsables de l’Arche reconnaissent être « bouleversés » par les faits et rappellent que les accusations se basent sur des témoignages « sincères et concordants ».
De par son statut et les actions qu’il a menées, Jean Vanier est une figure respectée au sein de l’église catholique. C’est à la suite de plusieurs témoignages de femmes évoquant des agressions sexuelles, recueillis en 2016 et en 2019, que la direction de l’Arche a décidé d’ouvrir une enquête indépendante. Cette investigation a été menée par un organisme britannique spécialisé dans le conseil pour la protection contre l’exploitation et l’abus sexuel. Cinq femmes y ont témoigné des agressions subies de la part de Jean Vanier. De plus une trentaine de personnes ont été entendues (ancien membres et responsables de l’Arche), des documents issus de la Province dominicaine de France ainsi que des archives personnelles de Jean Vanier ont été consultés afin d’étayer l’enquête. Après rédaction, le document a été examiné par un comité de surveillance composé de deux anciens hauts fonctionnaires français afin d’évaluer l’intégrité et la fiabilité de l’enquête. Après validation de ce comité, l’enquête a été remise à la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’église (Ciase).
L’enquête a permis de mettre en évidence des abus sexuels perpétrés par Jean Vanier sous couvert d’un accompagnement spirituel et d’une doctrine mystico-religieuse délirante. Il utilisait sa position pour exercer une emprise psychologique et spirituelle sur des personnes qui lui avaient confié de leur vulnérabilité. Ses victimes souffrent aujourd’hui de graves séquelles liées à ces agressions. C’est l’aura, le charisme ainsi que la popularité de Jean Vanier, qui les ont empêché de témoigner auparavant. L’une d’elles raconte que, s’interrogeant sur les pratiques de Jean Vanier, elle s’est tournée vers un autre fondateur de l’Arche, le père Thomas Philippe qui a lui aussi abusé d’elle.
En effet, les pratiques de Jean Vanier sont à mettre en parallèle avec celles du père Thomas Philippe, ami et père spirituel du fondateur de l’Arche.
En 2015, une enquête canonique portant sur les agissements de Thomas Philippe avait dévoilé les abus sexuels commis par ce dernier dans le cadre d’accompagnements spirituels. Jean Vanier s’était alors félicité que la lumière soit faite sur ces « graves zones d’ombre » de la communauté assurant n’avoir jamais été au courant des agissements du prêtre dominicain. Il était pourtant au courant du passé d’agresseur du prêtre. ayant fait partie dans les années 1950 et 1960 d’un groupe de soutien au père Thomas Philippe au sein duquel les quelques femmes présentes avaient des relations sexuelles avec le prêtre et Jean Vanier, sur fond de délire mystico-religieux.
Les responsables de l’Arche ont condamné ces abus en contradiction avec les « valeurs » revendiquées par Jean Vanier. De son côté, la Conférence des évêques de France a fait part de sa « stupeur » et de sa « douleur » devant les révélations du rapport.
(Sources : La Vie, 22.02.2020 & Le Figaro, 22.02.2020 & Le Point, 22.02.2020 & Libération,22.02.2020)
Lire sur le site de l’UNADFI, Lumière sur la face cachée de Thomas Philippe : https://www.unadfi.org/groupes-et-mouvances/lumiere-sur-la-face-cachee-de-thomas-philippe/
Lire le rapport de synthèse publié par l’Arche International : http://www.arche-france.org/sites/www.arche-france.org/files/fichiers/his-rapport_de_synthese-2020-fr.pdf