Laurine est née au sein des Témoins de Jéhovah qu’elle a quittés il y a 20 ans. Elle se confie sur son enfance dans le journal La Provence.

Agée d’une quarantaine d’année, elle dit garder des « souvenirs de terreur » dus à une doctrine qui « inculque que l’idée de Satan et le péché sont partout, que la fin du monde approche ». Elle raconte avoir souffert à l’école du décalage entre elle et les autres enfants qu’elle aurait été tenue « d’évangéliser discrètement ». Dans le mouvement elle aurait connu une forte discipline et aurait vu les enfants qui gênaient les offices être conduits dans une autre pièce dans laquelle ils auraient parfois été fessés.

A l’âge de 16 ans, elle avait été traumatisée par un numéro de la revue interne Réveillez-vous dans lequel figuraient les photos de « 26 héros de la foi », des enfants qui auraient refusé d’être transfusés.

Trop rebelle, elle sera exclue de mouvement et frappée d’ostracisme. Si sa famille ne l’a néanmoins pas complètement reniée, elle s’est retrouvée seule, en dépression, avec des idées suicidaires.

Aujourd’hui, elle se bat pour sa mère atteinte de problèmes de santé qui pourraient nécessiter des transfusions. Son frère, membre du mouvement, et un référent des Témoins de Jéhovah, seraient en train de chercher un « médecin conciliant, qui acceptera leurs conditions ». Elle explique que les Témoins de Jéhovah s’appuient sur la loi Kouchner 2 promulguée en 2002 qui empêche de pratiquer des actes médicaux « sans le consentement libre et éclairé du patient ». Mais ce principe vient se heurter à l’obligation pour le médecin de « porter assistance à toute personne en péril ».

Laurine déplore que cette loi ne prenne pas en compte l’état « d’emprise psychologique de certains patients ».

Prête à tout pour sauver sa mère, elle a porté plainte pour abus de faiblesse. Elle a aussi écrit à l’hôpital et au ministère de l’Intérieur, sans succès pour l’instant. 

(Source : La Provence, 31.08.2023)